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05/08/2025

AIPR et DT-DICT : comment articuler les obligations réglementaires pour éviter les sanctions ?

L'évolution du contexte réglementaire dans le domaine de la construction et des travaux publics a engendré une complexification des démarches administratives liées à la sécurité et à la prévention des risques liés aux réseaux souterrains. Parmi ces démarches, deux dispositifs se distinguent par leur importance et leur complémentarité : l’Autorisation d’Intervention à Proximité des Réseaux (AIPR) et la Déclaration de Projet et la Déclaration de Travaux Importants Désertés par la DT-DICT. Ces obligations réglementaires ont pour objectif commun de renforcer la sécurité des personnels intervenant sur le terrain tout en préservant l’intégrité des réseaux existants.

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Cependant, leur articulation peut parfois sembler complexe pour les acteurs du secteur, notamment pour les maîtres d’ouvrage, les entreprises de travaux, et les formateurs en QHSE. La méconnaissance ou la mauvaise appropriation de ces dispositifs peut entraîner des sanctions administratives et financières importantes. 


Ce guide approfondi se propose d’analyser en détail les obligations liées à l’AIPR et à la DT-DICT, de démontrer leur articulation logique et réglementaire, et de fournir une méthodologie claire pour garantir la conformité réglementaire de tous les acteurs du secteur.


 I. Les fondamentaux de l’AIPR : une obligation incontournable pour les intervenants


 A. Contexte réglementaire et objectifs de l’AIPR


L’AIPR (Autorisation d’Intervention à Proximité des Réseaux) s’inscrit dans un contexte réglementaire visant à réduire les risques d’accidents lors de travaux à proximité des réseaux apparents ou enterrés. Instituée par l’arrêté du 11 décembre 2017, elle s'adresse aux opérateurs et à tous les intervenants ayant besoin d’accéder ou de travailler à proximité des réseaux, qu’ils soient enterrés, aériens ou souterrains.


Son objectif principal est d’assurer que chaque intervenant possède une connaissance suffisante des enjeux liés à la localisation et à la protection des réseaux, afin de réduire le nombre d’accidents, qui restent malheureusement une réalité dans le secteur des travaux publics.


 B. Qui doit obtenir une AIPR ?


L’obligation de détenir une AIPR concerne principalement :


- Les intervenants intervenant à proximité ou en contact avec des réseaux (tels que les conducteurs d’engins, les techniques de chantier, etc.)

- Les maîtres d’œuvre, maîtres d’ouvrage, ou toute personne susceptible d’être impliquée dans des opérations pouvant affecter ces réseaux.


Il existe trois types d’AIPR :


- Reconnaissance : pour ceux qui consultent ou interrogent les documents relatifs aux réseaux.

- Encadrement : pour les responsables de chantier ou de travaux.

- Opérateur : pour les personnels intervenants directement dans des travaux.


 C. Modalités d’obtention et de renouvellement


L’AIPR est validée à travers une formation certifiante, dispensée par des organismes agréés, et nécessite un recyclage périodique (tous les 5 ans). La formation souligne divers aspects essentiels : lecture de plans, réglementation, vigilance, communication. La possession d’un certificat valable doit être systématiquement vérifiée par les responsables de chantier avant toute intervention.


 II. La DT-DICT : une déclaration préalable indispensable pour la gestion des réseaux


 A. Cadre réglementaire et finalités


La Déclaration de Projet (DT) et la Déclaration de Travaux Désertés par la DI-DICT (DICT – Détection et Identification des Réseaux) sont imposées par le Code de l’Environnement, notamment le décret n° 2017-1254 du 9 août 2017. Leur objectif est d’informer préalablement tous les acteurs concernés des projets de travaux pouvant impacter les réseaux existants afin de prévenir certains risques liés à la dégradation ou à la destruction de ces réseaux.


La DT permet de formaliser le début d’un avant-projet, tandis que la DI-DICT renseigne précisément sur l’emplacement et la nature des réseaux souterrains affectés par le projet.


 B. Obligations pour les maîtres d’ouvrage et entreprises


Les maîtres d’ouvrage ont l’obligation de déposer une déclaration préalable (DT) si le projet est susceptible d’impacter les réseaux. Par la suite, en cas de travaux prévus ou de chantier, la déclaration DI-DICT doit être effectuée pour localiser les réseaux dans la zone d’intervention.


Cette démarche doit être effectuée au moins 15 jours avant le début des travaux, en utilisant la plateforme gouvernementale E-NT (Electronique National de Transfert).


 C. La procédure et le contenu de la DT-DICT


La plateforme facilite la transmission des informations, notamment :


- La localisation précise des travaux

- La nature des travaux

- La description du dispositif de protection prévu


Une fois la DI-DICT déposée, l’exploitant des réseaux concerné doit répondre sous un délai réglementaire (15 jours maximum). En l’absence de réponse dans ce délai, la validation est considérée comme implicite.


 III. Articuler les obligations réglementaires : une approche cohérente pour une conformité intégrée


 A. La complémentarité réglementaire de l’AIPR et de la DT-DICT


L’articulation de ces deux dispositifs doit être envisagée comme un processus continu, fondé sur trois étapes clés :


1. Préparation du projet : la déclaration DT permet d’informer en amont pour connaître l’existence et la localisation des réseaux impactés.

2. Appropriation des risques par les intervenants : la formation à l’AIPR doit être réalisée en amont des interventions terrains afin que chaque personnel intervenant maîtrise ses responsabilités.

3. Exécution en sécurité : lors des travaux, la déclaration DI-DICT doit être consultée en permanence pour localiser précisément les réseaux et adapter les opérations en conséquence.


En combinant la maîtrise réglementaire (DT-DICT) et l’engagement individuel via la formation (AIPR), il est possible d’instaurer une culture d’intervention sûre respectueuse des obligations légales.


 B. Mise en œuvre opérationnelle et bonnes pratiques


Pour optimiser cette articulation, plusieurs bonnes pratiques peuvent être déployées :


- Intégration systématique de la vérification de l’AIPR dans les procédures internes de chantier.

- Utilisation d’un logiciel unique ou d’une plateforme numérique pour suivre l’état des déclarations DT-DICT et la formation AIPR des intervenants.

- Formation continue et sensibilisation régulière pour maintenir un haut niveau de connaissance réglementaire et opérationnelle.

- Organisation de réunions de coordination avec les exploitants de réseaux dès la phase de préparation.


 C. Conséquences des non-conformités et sanctions possibles


Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions administratives, voire pénales. Parmi les risques encourus :


- Amendes pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros

- Suspension de l’activité jusqu’à mise en conformité

- Responsabilisation pénale en cas d’accident ou de dégâts aux réseaux

- Atteinte à la réputation de l’entreprise ou du maître d’ouvrage


Ces conséquences soulignent l’importance stratégique d’une gestion réglementaire rigoureuse, intégrée et proactive.


 Conclusion


La maîtrise de l’articulation entre l’AIPR et la DT-DICT représente un enjeu majeur pour garantir la sécurité des intervenants et la conformité réglementaire dans le secteur des travaux publics. La mise en œuvre cohérente de ces dispositifs nécessite une double approche : réglementaire, pour respecter le cadre légal, et opérationnelle, pour appliquer concrètement ces démarches sur le terrain avec rigueur.


Face à l’évolution constante des textes et à la nécessité d’adopter une culture de prévention, la question demeure ouverte : comment les acteurs du secteur peuvent-ils continuer à innover dans la gestion de ces obligations pour garantir à la fois performances, sécurité et conformité ?


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