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15/08/2025

Analyse de risque électrique : base indispensable avant toute habilitation

La sécurité sur le lieu de travail demeure une préoccupation majeure dans le secteur industriel, du BTP, et dans toutes les activités où l’énergie électrique joue un rôle central. La manipulation de systèmes électriques expose les intervenants à des risques spécifiques, qu’il convient d’identifier, d’évaluer et de maîtriser en amont. Appréhender la démarche d’analyse de risque électrique constitue ainsi une étape fondamentale pour garantir la sécurité des salariés, mais aussi pour assurer la conformité réglementaire et prévenir les accidents graves, souvent traumatisants ou fatals.

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Ce processus d’évaluation s’inscrit comme la pierre angulaire préalable à toute opération d’habilitation électrique. Sans une analyse rigoureuse et approfondie, toute procédure d’intervention reste potentiellement risquée. En tant que professionnel ou formateur en QHSE, il est essentiel de maîtriser la méthodologie pour accompagner efficacement les équipes et instaurer une culture de prévention robuste. 


Ce long article vise à éclairer la démarche d’analyse de risque électrique, ses principes fondamentaux, ses étapes clés, et son intégration dans le processus d’habilitation. Nous disséquerons chaque étape, en apportant des exemples concrets et des recommandations pour renforcer la sécurité opérationnelle.


 I. La nécessité de l’analyse de risque électrique : une étape cruciale en santé, sécurité et environnement


 A. La nature spécifique du risque électrique


Le risque électrique est reconnu comme étant particulièrement dangereux en milieu professionnel. Il peut entraîner des chocs, des brûlures, des arcs électriques, voire des explosions ou des incendies, en fonction des circonstances. La dangerosité provient autant de l’intensité du courant que de la tension, du temps d’exposition, et des conditions environnementales (humidité, poussières, températures). La faiblesse de l’attention ou l’inattention peuvent suffire à provoquer un accident grave.


Selon l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), environ 20% des accidents du travail liés à l’électricité concernent des situations où aucune procédure ou mesure de prévention préalable n’a été réalisée. Cela souligne la nécessité d’une démarche proactive d’évaluation des dangers.


 B. La réglementation et le cadre normatif


Le cadre réglementaire impose une obligation claire d’évaluation des risques électriques, notamment à travers le Code du Travail (Articles R4224-15 à R4224-30), la norme NF C 18-510 ou encore la recommandation R3701 (fondements pour la prévention des risques électriques). Elle stipule qu’avant toute intervention, l’employeur ou le responsable doit réaliser une analyse complète pour préserver la santé et la sécurité des travailleurs.


Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions financières, des poursuites pénales, ou une responsabilité accrue en cas d’accident. La prévention passera donc inévitablement par une démarche structurée d’analyse.


 C. La sécurité comme valeur fondamentale au cœur de la démarche QHSE


Les enjeux sont aussi humains. L’accident grave peut laisser des séquelles irréversibles ou coûter la vie. La mise en œuvre d’une analyse de risque électrique est une expression concrète d’une politique de prévention bien comprise, intégrée dans une culture sécurité proactive.


Ce processus permet d’abord de repérer, puis d’éliminer ou de diminuer les risques à une nivellement acceptable, en vue de réaliser des opérations sans danger ou en limitant fortement leurs impacts.


 II. Les étapes clés de l’analyse de risque électrique


L’analyse de risque électrique ne doit pas être considérée comme une simple formalité administrative, mais comme un processus sérieux impliquant une réflexion approfondie, des outils adaptés, et une rigueur méthodologique.


 A. Identification précise de l’environnement électrique


L'étape initiale consiste à faire un état des lieux exhaustif. Il faut collecter toutes les informations relatives au site ou à l’installation électrique concernée :


- Description technique de l’installation : type, utilisant des équipements spécifiques, conditions opérationnelles.

- Localisation : zones à risque, accessibilité, proximité de zones humides ou inflammables.

- Documentation technique : schémas électriques, notices, historiques d’incidents.

- Conditions environnementales : température, humidité, poussières, corrosivité.


Une telle étape nécessite la collaboration avec les responsables techniques, les opérateurs, ou encore les fournisseurs pour obtenir une vision complète.


 B. L’analyse des dangers


Une fois l’environnement identifié, il convient de dresser une liste exhaustive des dangers potentiels liés à l’énergie électrique. Parmi ceux-ci :


- Chocs électriques (contacts directs ou indirects)

- Arc électrique (éclairs à haute température pouvant provoquer des brûlures graves)

- Incendies ou explosions en cas de courts-circuits

- Effets thermiques ou mécaniques liés à l’arc ou à une rupture de câble

- Défaillances d’équipements ou mauvais fonctionnement


Il importe de considérer toutes les situations de travail, y compris les défaillances humaines ou techniques, ainsi que les modes opératoires habituels ou accidentels.


 C. L’évaluation du risque


Le cœur du processus réside dans une évaluation quantitative ou qualitative du risque. Pour cela, il convient de déterminer la probabilité d’occurrence de chaque danger et la gravité possible en cas d’accident.


Différents outils peuvent être mobilisés pour cette étape :


- La matrice de risques : croisement de la probabilité (rare, peu probable, probable, fréquent) avec la gravité (mineure, grave, critique, catastrophique).

- La méthode HAZOP ou FMECA pour une analyse détaillée.

- L’analyse des pannes et défaillances (AMDEC).


A l’issue, chaque danger se voit attribuer une Note de Risque qui permettra de prioriser les actions correctives.


 D. La mise en place de mesures de prévention et de protection


Sur la base de l’évaluation précédente, il convient d’identifier et de planifier toutes les mesures pour maîtriser ou éliminer les risques. Ces mesures peuvent inclure :


- La mise en place de dispositifs de protection collective (gaines isolantes, barrières, dispositifs de coupure automatique)

- La définition de procédures de travail sécurisées (travail hors tension, méthode de consignation)

- L’utilisation d’équipements de protection individuelle (gants isolants, vêtements ignifuges)

- La formation spécifique des intervenants

- La surveillance et la maintenance régulière des installations électriques


 E. La documentation et la communication


Le résultat de l’analyse doit être consigné dans un document formalisé, accessible à tous les intervenants, et intégré dans le plan d’action sécurité de l’entreprise. La sensibilisation et la communication autour de ces risques sont essentielles pour instaurer une culture de prévention durable.


 III. La corrélation entre analyse de risque électrique et habilitation électrique


 A. L’habilitation électrique : une nécessité réglementaire et opérationnelle


L’habilitation électrique constitue une reconnaissance formelle des compétences d’un salarié ou d’un intervenant pour réaliser ou intervenir sur des installations électriques. Toutefois, cette habilitation ne doit pas être simplement issue d’un diplôme ou d’une formation théorique. Elle doit être appuyée par une analyse concrète de risques spécifiques à chaque environnement.


 B. La relation intrinsèque entre analyse de risque et habilitation


Avant toute habilitation, une étude de risque doit être réalisée pour déterminer la catégorie d’habilitation requise (B1, B2, BS, HC, etc.). Une erreur dans cette étape peut conduire à une habilitation inadaptée, exposant l’intervenant à un danger majeur ou à une pénalité réglementaire.


Concrètement, cette analyse permet de :


- Définir les compétences nécessaires pour conduire en toute sécurité.

- Adapter la formation en fonction des risques spécifiques.

- Mettre en place des procédures de travail particulières si le risque est élevé.


 C. La valeur ajoutée de l’analyse pour la sécurité opérationnelle


Une analyse rigoureuse renforce la compétence des habilités. Elle permet aussi d’établir un contexte clair pour la vérification des équipements, la préparation du chantier, et la supervision des opérations. La réduction des incidents électriques passe par cette fusion entre qualification réglementaire et maîtrise technique effective.


 Conclusion


L’analyse de risque électrique n’est pas une étape facultative ou administrative : elle représente le socle de la sécurité électrique au travail. Elle doit être abordée avec sérieux, rigueur, et pédagogie pour être réellement efficace. En impliquant tous les acteurs et en intégrant cette démarche dans une politique prévention, l’organisation sécurise ses opérations tout en valorisant la santé et la vie de ses intervenants.


Alors, comment pouvez-vous renforcer la démarche d’analyse de risque électrique dans votre environnement professionnel pour maximiser la sécurité de vos équipes ?


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