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17/04/2025

Comment prévenir les risques de coupure et de lacération ?

Sur les lieux de travail, les coupures et les lacérations figurent parmi les accidents les plus courants, tous secteurs confondus. Qu’elles soient provoquées par des outils tranchants, des machines, des matériaux coupants ou des erreurs de manipulation, ces blessures peuvent avoir de lourdes conséquences sur la santé des salariés (arrêts de travail, séquelles, incapacités) mais également sur l’organisation, la productivité et la réputation des entreprises. Face à ces risques, une stratégie de prévention structurée et efficace est indispensable. Elle passe par une évaluation rigoureuse des dangers, la mise en œuvre de mesures techniques et organisationnelles, mais aussi par une culture sécurité forte portée par l’ensemble des collaborateurs.

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Cet article propose d’analyser les principaux risques de coupure et de lacération au travail, leurs causes, ainsi que les bonnes pratiques pour les prévenir durablement.


I. Identifier et comprendre les risques de coupure et de lacération


A. Les secteurs et activités les plus exposés


Les risques de coupure concernent une grande variété de secteurs, notamment :

  • L’industrie (métallurgie, textile, agroalimentaire) : manipulation de pièces métalliques, machines tranchantes, lames, outils de découpe.
  • Le BTP : contact avec le verre, les tôles, les outils manuels ou électroportatifs.
  • Les métiers de la logistique : ouverture de cartons, utilisation de cutters, manipulation de palettes.
  • Les métiers de la santé : usage d’instruments médicaux (scalpels, bistouris).
  • Le secteur de la grande distribution : rayonnage, découpe de produits frais.

Même dans les bureaux, le risque n’est pas nul (coupures de papier, agrafes, lames de massicot).


B. Les principales sources de coupures


Les causes sont multiples, souvent liées à une combinaison de facteurs :

  • Outils tranchants : cutters, ciseaux, lames de rasoir, couteaux mal utilisés ou mal entretenus.
  • Machines non sécurisées : presses, scies, trancheuses, machines à découper.
  • Matériaux coupants : verre, tôles, emballages plastiques rigides.
  • Équipements défectueux : poignées cassées, pièces mal fixées.
  • Gestes inappropriés : précipitation, mauvaises postures, non-respect des consignes.
  • Manque de formation ou absence d'information sur les bons gestes à adopter.


C. Les conséquences humaines et économiques


Les coupures peuvent sembler bénignes mais engendrent des conséquences majeures :

  • Arrêts de travail parfois prolongés.
  • Infections ou complications (section de tendon, nerf).
  • Invalidité ou séquelles permanentes.
  • Perte de productivité et perturbation de l’activité.
  • Coût direct et indirect important pour l’employeur (indemnités, remplacement, baisse de qualité).


II. Mettre en œuvre une prévention structurée des coupures et lacérations


A. Évaluer les risques de manière précise


Comme toute démarche de prévention, cela commence par une évaluation rigoureuse :

  • Inventaire des tâches impliquant un risque de coupure ou de lacération.
  • Identification des équipements à risque : outils, machines, matériaux.
  • Analyse des accidents passés (fréquence, gravité, causes).
  • Mise à jour du Document Unique (DUERP) avec cotation du risque.
  • Prise en compte des travailleurs sensibles (jeunes, intérimaires, nouveaux arrivants).

Cette étape permet de prioriser les actions à mettre en place.


B. Adapter les équipements et les postes de travail


  • Utiliser des outils sécurisés (cutter à lame rétractable, poignées ergonomiques, protections intégrées).
  • Entretenir régulièrement le matériel pour éviter les blocages ou efforts brusques.
  • Sécuriser les machines par des carters de protection, capteurs de présence, boutons d’arrêt d’urgence.
  • Réorganiser les postes de travail pour limiter les manipulations inutiles ou dangereuses.
  • Installer des surfaces antidérapantes et dégager les zones de travail.

L’objectif est de supprimer ou limiter l’exposition directe aux éléments coupants.


C. Fournir des équipements de protection individuelle (EPI)


  • Gants anti-coupure adaptés : selon la norme EN 388, avec un niveau de résistance suffisant.
  • Manchettes de protection, tabliers, lunettes, selon les tâches effectuées.
  • S’assurer que les EPI :
  • sont bien dimensionnés,
  • ne gênent pas les gestes professionnels,
  • sont renouvelés régulièrement.

Mais attention : les EPI ne doivent jamais être la seule réponse au risque !


III. Renforcer la prévention par l’organisation et la formation


A. Former et sensibiliser les salariés


  • Formation initiale à la bonne utilisation des outils, gestes sécurisés, postures adaptées.
  • Intégration des nouveaux arrivants avec accompagnement terrain et rappels des consignes de sécurité.
  • Organisation de campagnes de sensibilisation (affichages, vidéos, retours d’expérience).
  • Sessions régulières de recyclage et de mise à jour des connaissances.

Un salarié bien formé est plus attentif, plus habile et plus enclin à suivre les règles.


B. Mettre en place des procédures claires


  • Consignes écrites et illustrées à proximité des postes concernés.
  • Règles de rangement des outils (lames hors de portée, boîtes spécifiques).
  • Procédures de remplacement des lames ou outils défectueux.
  • Définition claire des rôles et des responsabilités (chef d’équipe, référent sécurité…).


La standardisation des pratiques permet de réduire la variabilité des comportements et donc les erreurs.


C. Développer une culture sécurité autour du risque de coupure


  • Valoriser les bons comportements, féliciter les actions exemplaires.
  • Organiser des retours d’expérience collectifs après chaque incident.
  • Faire remonter les observations : outils inadaptés, zone mal éclairée, machine trop bruyante…
  • Intégrer les salariés aux démarches d’amélioration (groupe de travail, audits terrain).

La sécurité n’est efficace que si elle est partagée et portée par tous, du salarié à la direction.


Conclusion


Les risques de coupure et de lacération sont parfois perçus comme des fatalités dans les environnements professionnels. Pourtant, ils sont évitables dans la très grande majorité des cas si une politique de prévention rigoureuse, cohérente et continue est mise en place. Cela implique d’identifier les dangers réels, de choisir les bons équipements, de former les salariés et de développer une véritable culture sécurité fondée sur la vigilance et la responsabilité collective.

Car en fin de compte, la meilleure lame de prévention reste celle que l’on ne manipule qu’en toute conscience et avec le bon geste.


Et vous, quelles sont les pratiques mises en œuvre dans votre entreprise pour prévenir efficacement les coupures et lacérations ? Avez-vous rencontré des freins particuliers dans la mise en place de ces mesures ?


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