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26/05/2025

Contrôle d’accès et sécurité des zones sensibles sur les chantiers

Les chantiers, qu’ils soient en zone urbaine dense, sur voie publique ou en site industriel, sont des espaces ouverts mais hautement sensibles. Entre les risques liés à la co-activité, les vols de matériel, les intrusions non autorisées ou les accidents impliquant du public, le contrôle d’accès devient un enjeu majeur de prévention et de maîtrise des risques.

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Certaines zones présentent des risques critiques : tranchées ouvertes, zones de levage, stockages de produits dangereux, postes de travail en hauteur…

Ces espaces doivent bénéficier de mesures spécifiques de restriction, de surveillance et de sécurisation, encadrées dans une véritable stratégie QHSE.

Cet article explore les principes essentiels d’un bon contrôle d’accès sur chantier, les dispositifs techniques à mobiliser, ainsi que les bonnes pratiques organisationnelles pour garantir sécurité, traçabilité et conformité.


I. Pourquoi sécuriser l’accès aux zones sensibles ?


A. Des chantiers de plus en plus exposés


Les chantiers modernes sont confrontés à plusieurs réalités :

  • présence d’intervenants multiples, parfois plusieurs dizaines d’entreprises co-activement,
  • passage de personnes extérieures (curieux, riverains, livreurs…),
  • matériel coûteux, facilement revendable,
  • zones à fort risque technique ou environnemental.

Chaque intrusion ou accès non autorisé représente :

  • un risque d’accident grave (chute, électrocution, heurt),
  • une mise en cause juridique du responsable de chantier,
  • une dégradation de l’image du chantier en cas d’incident.


B. Zones à risques critiques


Certaines zones nécessitent une protection renforcée :

  • zones de levage et de grutage,
  • trémies, fosses, tranchées, points en hauteur non protégés,
  • zones ATEX ou de stockage chimique,
  • zones en tension électrique ou en fonctionnement (poste, tableau, machinerie),
  • zones d’essai, de coupe ou de soudure.

La réglementation impose que l’employeur empêche l’accès aux zones présentant un danger, sauf autorisation expresse.


C. Conformité réglementaire et assurance


Le Code du travail impose à l’employeur de :

  • limiter l’accès aux zones dangereuses (R.4214-5),
  • mettre en place une signalisation appropriée (R.4224-24),
  • s’assurer que seules les personnes formées et habilitées accèdent à certains postes.

En cas d’accident sur une zone mal protégée, la responsabilité civile et pénale du maître d’ouvrage, du coordinateur SPS et de l’employeur peuvent être engagées.


II. Moyens techniques et organisationnels de contrôle d’accès


A. Délimitation physique des zones


Le premier niveau de sécurité est matériel :

  • clôtures, grillages, barrières mobiles ou fixes,
  • portes verrouillées, cadenas, badges, digicodes,
  • filets, portiques, sas mobiles, en fonction du risque.

Chaque zone critique doit être visuellement identifiée et matérialisée par une signalisation normalisée :

  • pictogrammes « accès interdit », « port des EPI obligatoire », « zone ATEX », etc.

En fonction du type de chantier, les dispositifs peuvent être permanents ou mobiles, mais toujours fonctionnels et visibles.


B. Traçabilité des accès


La traçabilité est essentielle :

  • registre des entrées/sorties,
  • badge d’accès personnalisé,
  • plages horaires d’autorisation selon les missions,
  • relevés d’activité automatisés sur zones sensibles.

Certaines solutions numériques permettent aujourd’hui de :

  • scanner les badges par zone,
  • coupler les accès avec les habilitations et formations enregistrées,
  • bloquer l’accès à une personne non autorisée ou dont la formation a expiré.


C. Organisation et responsabilités


Une stratégie de contrôle d’accès repose aussi sur une organisation claire :

  • un référent sécurité en charge de la surveillance des zones critiques,
  • des briefings sécurité systématiques à l’accueil,
  • une vérification des autorisations d’accès avant intervention.

Chaque entreprise intervenante doit :

  • transmettre la liste des personnels autorisés,
  • s’assurer que leurs salariés ont reçu les formations nécessaires,
  • signer les documents d’accès et les engagements sécurité.


III. Bonnes pratiques pour renforcer la sécurité d’accès sur chantier


A. Intégrer le contrôle d’accès au plan de prévention


Le Plan Général de Coordination (PGC SPS) ou le Plan de prévention doivent détailler :

  • les zones à accès restreint,
  • les modalités d’autorisation,
  • les dispositifs de sécurisation et d’alerte.

Les zones critiques doivent faire l’objet de fiches spécifiques : analyse de risque, autorisation nominative, procédures d’urgence.


B. Sensibiliser les intervenants au quotidien


Même avec des dispositifs en place, l’efficacité repose sur :

  • des rappels fréquents des règles,
  • des causeries sécurité ciblées sur les zones à accès limité,
  • une sanction claire en cas de non-respect.

Les contremaîtres, chefs d’équipe et encadrants doivent être vigilants et exemplaires dans l’application des consignes.


C. Réagir rapidement en cas de non-respect


Tout accès non autorisé doit donner lieu à :

  • une analyse immédiate (personne, zone, cause, conséquences),
  • une remise à jour des procédures si nécessaire,
  • un signalement écrit au responsable sécurité ou au maître d’ouvrage.

Un système d’alerte ou d’intervention rapide doit être prévu (intervention SSIAP, vigile, arrêt temporaire de zone…).


Conclusion


Le contrôle d’accès sur chantier n’est pas une option : c’est un pilier de la prévention QHSE, particulièrement dans les zones sensibles où le moindre écart peut avoir des conséquences graves.

Au-delà des équipements, il s’agit de faire vivre une culture d’autorisation, de vigilance et de rigueur, au service de la sécurité de tous.


La vraie question est donc : vos zones sensibles sont-elles simplement identifiées… ou réellement protégées ?


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