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29/06/2025Culture sécurité dans les entreprises ferroviaires : bonnes pratiques à partager
La sécurité constitue un enjeu stratégique majeur pour les entreprises ferroviaires. En exploitant un réseau complexe d’infrastructures, de véhicules et de personnels, ces sociétés évoluent dans un contexte où la moindre négligence peut entraîner des conséquences catastrophiques. La culture sécurité, en tant qu’élément central de la gestion des risques, s’avère donc essentielle pour prévenir les accidents, protéger les salariés et garantir la confiance des usagers. Pourtant, instaurer et maintenir une véritable culture sécurité dans ce secteur exige une approche multi-dimensionnelle, mêlant engagement managérial, formation proactive, communication efficace et démarches d’amélioration continue.

À travers cet article, nous explorerons les bonnes pratiques qui constituent une véritable valeur ajoutée pour développer une culture sécurité renforcée dans les entreprises ferroviaires. En s’appuyant sur des chiffres clés, des exemples concrets et des références réglementaires, nous proposons un regard approfondi et pédagogique destiné aux formateurs, responsables QHSE et acteurs du secteur.
I. Le contexte et l’importance de la culture sécurité dans le secteur ferroviaire
A. Des enjeux cruciaux
Le secteur ferroviaire représente une composante essentielle de la mobilité durable et de l’économie nationale. D’après l’Agence européenne pour la sécurité ferroviaire (ERA), le nombre d’incidents et d’accidents, bien que globalement en baisse grâce à une vigilance accrue, reste à surveiller de près. En 2022, on a recensé environ 1 500 incidents majeurs sur tout le réseau européen, avec une majorité liés à des erreurs humaines ou à une gestion insuffisante de la sécurité.
La sécurité ne se limite pas à la prévention des accidents : elle concerne également l’intégrité physique des personnels, la protection des passagers, la prévention des actes de malveillance, et le respect strict des réglementations. Un accident majeur, comme celui de Saint-Mard en 2012 ou le déraillement à Brétigny en 2013, rappelle l’impact dévastateur d’une défaillance dans la culture sécurité.
B. Une responsabilité partagée
L’instauration d’une culture sécurité repose sur une responsabilité partagée : la direction doit donner l’exemple et favoriser un environnement propice à la sécurité ; les salariés, eux, doivent être acteurs de leur sécurité et mettre en œuvre les bonnes pratiques. La norme ISO 45001, dédiée à la gestion de la santé et de la sécurité au travail, insiste d’ailleurs sur l’engagement managérial, la participation active des employés et la communication.
C. Les enjeux réglementaires et normatifs
Le secteur ferroviaire est soumis à un cadre réglementaire strict, notamment la Directive 2004/49/CE relative à la sécurité ferroviaire, révisée plusieurs fois, et au Règlement européen 2016/796 sur la gestion des risques. En France, la loi sur la sécurité ferroviaire et le Code des transports imposent des obligations précises aux exploitants. La conformité réglementaire doit donc être complétée par une démarche volontaire d’amélioration continue de la culture sécurité interne.
Chiffres clés :
- 65 % des incidents ferroviaires liés à des erreurs humaines (Source : ERA, 2023)
- 78 % des salariés déclarent considérer la sécurité comme une priorité dans leur entreprise (Enquête QHSE, 2022)
- 45 % des accidents à bord de train pourraient être évités par une meilleure formation et sensibilisation (Rapport INPI, 2021)
II. Les piliers fondamentaux d’une culture sécurité efficace
A. L’engagement visible de la direction
L’un des éléments essentiels pour cultiver la sécurité consiste pour la hiérarchie à incarner cet engagement par des actions concrètes. La direction doit non seulement diffuser une politique sécurité claire, mais aussi agir en tant que model et assurer une allocation suffisante des ressources.
Bonnes pratiques :
- La communication régulière sur les enjeux et les résultats en matière de sécurité.
- La participation active des dirigeants lors des réunions de sécurité ou des inspections terrains.
- La reconnaissance et la valorisation des comportements exemplaires.
Une étude menée par l’INRS montre que dans les entreprises où la direction assure une présence quotidienne sur le terrain, les indicateurs de sécurité s’améliorent de 30 %.
B. La formation et la sensibilisation continue
Une formation adaptée et renouvelée constitue un levier crucial pour faire évoluer la culture sécurité. Il ne s’agit pas uniquement de transmettre un savoir théorique, mais aussi de créer un vrai changement de comportement.
Bonnes pratiques :
- La mise en place de modules de formation réguliers, incluant des simulations et mises en situation.
- L’intégration de la sécurité dans la formation initiale des nouveaux salariés et leur parcours professionnel.
- La sensibilisation aux risques spécifiques à chaque poste (techniciens de voie, conducteurs, agents de maintenance).
- La création d’un système de feedback instantané, où les salariés peuvent signaler des situations à risque sans crainte de représailles.
Les formations en situation réelle, avec utilisation d’outils de réalité virtuelle, ont montré leur efficacité dans l’ancrage de comportements sécuritaires.
C. La communication et la participation active des salariés
Encourager une communication ouverte, transparente et bilatérale est essentiel pour renforcer la culture sécurité. La participation des employés à l’identification des risques, à l’élaboration des procédures et à l’évaluation est un facteur clé de succès.
Bonnes pratiques :
- La mise en place de comités de sécurité multi-niveaux.
- La diffusion régulière d’informations sur les incidents, les actions correctives et les bonnes pratiques.
- La reconnaissance des initiatives spontanées ou des suggestions d’amélioration.
Une approche participative permet de transformer la sécurité en un enjeu commun, renforçant ainsi l’engagement collectif.
III. Approches concrètes pour renforcer la culture sécurité : exemples et recommandations
A. La démarche d’amélioration continue
La mise en place d’un cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act) constitue une méthode éprouvée pour faire évoluer durablement la culture sécurité. Elle implique la planification d’actions, leur mise en œuvre, l’évaluation des résultats, puis l’adaptation en conséquence.
Pratiques recommandées :
- L’utilisation d’indicateurs de suivi (nombre d’incidents, taux de formation, retours d’expérience).
- La réalisation régulière d’audits internes avec un focus sur la sécurité.
- La capitalisation des retours d’expérience et la diffusion des leçons apprises.
B. La gestion des risques psycho-sociaux
Les conditions psychologiques et sociales influencent directement la sécurité. Le stress, la fatigue, ou encore le harcèlement peuvent augmenter la vulnérabilité des personnels.
Recommandations :
- La mise en place d’écoute et de support psychologique.
- La gestion équilibrée des rythmes de travail.
- La formation à la gestion du stress.
L’attention portée au bien-être des salariés contribue à une organisation plus sûre et plus sereine.
C. La culture de reporting et d’apprentissage
Pour instaurer un climat de sécurité véritablement participatif, il faut encourager le signalement d’incidents, même mineurs. La peur de sanctions doit céder la place à une logique d’apprentissage collectif.
Pratiques efficaces :
- La simplification des démarches de déclaration.
- La non-représailles pour les signalements.
- La circulation régulière des retours et l’implication des équipes dans la résolution des problématiques.
Exemple : Le programme « Safety First » lancé par SNCF Infra, qui intègre une plateforme participative de remontée d’incidents, a permis une baisse de 15 % du taux d’accidents.
Conclusion
L’instauration d’une véritable culture sécurité dans les entreprises ferroviaires repose sur un ensemble cohérent de pratiques fondamentales : un engagement affirmé de la direction, une formation continue adaptée, une communication fluide et participative, et une démarche d’amélioration perpétuelle. Ces leviers, lorsqu’ils sont déployés de manière concertée, transcendent la simple conformité réglementaire pour instaurer un climat de confiance et de responsabilité collective.
Cependant, la question demeure : comment continuer à faire évoluer cette culture dans un secteur en constante mutation technologique et réglementaire ? La réponse réside sans doute dans une mobilisation permanente de tous les acteurs, avec pour objectif un secteur ferroviaire exemplaire en matière de sécurité.
Quels sont, selon vous, les défis actuels ou futurs pour renforcer la culture sécurité dans vos organisations ?
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