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28/06/2025Évaluation des risques pour les compagnons itinérants du BTP
Le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) représente l’un des domaines industriels où les risques professionnels sont omniprésents. En particulier, les compagnons itinérants, souvent mobilisés sur des chantiers variés, doivent faire face à un environnement de travail dynamique et parfois périlleux. La mobilité géographique, la diversité des interventions, ainsi que la variété des infrastructures constituent autant d’éléments qui complexifient la gestion des risques. La mise en place d’une évaluation rigoureuse, systématique et adaptée des risques constitue un préalable essentiel pour assurer la sécurité et la santé de ces travailleurs. Elle constitue également une obligation réglementaire, renforcée par la volonté de réduire la sinistralité, améliorer la qualité de vie au travail et accroître la performance globale des entreprises du BTP.

Dans cet article, nous analyserons en détail la démarche d’évaluation des risques spécifique aux compagnons itinérants du BTP. Après une contextualisation des enjeux, nous décrirons la méthodologie adaptée pour identifier, analyser et prioriser ces risques. Enfin, nous proposons des recommandations concrètes pour optimiser cette démarche, en s’appuyant sur un cadre réglementaire précis, des outils innovants et une organisation efficiente. Notre objectif est de fournir aux formateurs, aux responsables QHSE, ainsi qu’aux acteurs du secteur, une vision structurée et approfondie pour renforcer la prévention et la sécurité sur les chantiers mobiles.
I. La spécificité des risques liés à l’activité des compagnons itinérants dans le BTP
A. La nature hétérogène des environnements de travail
Les compagnons itinérants interviennent sur des sites aux configurations et aux conditions d’exécution très variées : chantiers en milieu urbain ou rural, travaux en hauteur ou en espace confiné, terrains accidentés, etc. Cette diversité implique une multiplicité de risques, difficilement anticipés et contradictoires, qu’il faut pouvoir évaluer de façon précise.
B. La mobilité et la transience : facteurs aggravants
La mobilité constante augmente la complexité de gestion des risques : localisation changeante, équipement différencié selon les sites, équipes temporaires, etc. La difficulté de maintenir une connaissance actualisée des dangers potentiels sur chaque site augmente le risque d’oublis ou de sous-estimation.
C. Les particularités des tâches et des postes
Les compagnons effectuent des tâches variées, allant de la maçonnerie à la conduite d’engins, en passant par la pose de structures métalliques ou l’électricité. Chacune de ces activités présente ses propres risques : chutes, coupures, exposition à des produits chimiques, efforts physiques, etc.
D. Les enjeux réglementaires spécifiques
L’évaluation des risques doit respecter un cadre juridique strict, notamment le Code du travail, la réglementation européenne et les normes professionnelles. L’adaptation des évaluations à la réalité terrain pour répondre à ces exigences est un défi constant.
II. La démarche d’évaluation des risques adaptée aux compagnons itinérants
A. La collecte d’informations ciblée
a. Identification des dangers locaux : visite des sites, recueil des fiches techniques, analyses des incidents passés, consultation des équipes.
b. Recueil des données contextuelles : conditions météorologiques, accessibilité, proximité de voies de circulation, conditions d’éclairage, etc.
B. L’analyse qualitative et quantitative
a. La cartographie des risques : visualiser et hiérarchiser les dangers en fonction de leur probabilité et de leur gravité.
b. L’évaluation quantitative : utilisation d’indicateurs et de matrices pour mesurer l’impact potentiel, en tenant compte des spécificités des activités.
C. La priorisation et la hiérarchisation
Se concentrer sur les risques majeurs ou susceptibles de provoquer des accidents graves, en utilisant des outils d’aide à la décision tels que la méthode ARP (Analyse des Risques et Probabilités).
D. La valorisation du retour d’expérience
Intégrer systématiquement les retours terrains, incidents, quasi-accidents pour ajuster en permanence l’évaluation. La participation active des compagnons dans cette démarche est essentielle pour leur responsabilisation et la pertinence des analyses.
E. La documentation et la traçabilité
Mettre en place un système structuré de documentation : fiches d’évaluation, registres d’incidents, plans de prévention, pour assurer la traçabilité et la conformité réglementaire.
III. Les leviers pour optimiser l’évaluation des risques en milieu itinérant
A. L’adoption d’outils innovants et numériques
Les logiciels de gestion du risque, les applications mobiles pour la remontée d’informations, et la réalité augmentée pour la visualisation des dangers sur site améliorent la précision et la réactivité de l’évaluation.
B. La formation continue et la sensibilisation
Former les compagnons et les encadrants à l’identification et à la gestion des risques, par le biais de modules spécifiques intégrant leur réalité terrain. La sensibilisation à la sécurité doit devenir une pratique quotidienne.
C. La structuration de l’organisation
Créer une organisation transversale qui intègre le suivi des risques, la communication entre les équipes, et l’implication des acteurs locaux pour une approche cohérente et partagée.
D. La démarche d’amélioration continue
Mettre en place une évaluation régulière et des audits périodiques pour faire évoluer la démarche, en intégrant les retours d’expérience et les nouvelles réglementations.
Conclusion
L’évaluation des risques pour les compagnons itinérants dans le secteur du BTP constitue un enjeu stratégique pour garantir leur sécurité et leur santé, tout en respectant les exigences réglementaires. La diversité des environnements, la mobilité et la variété des tâches imposent une approche méthodologique rigoureuse, innovante et permanente. En intégrant des outils numériques, en déployant une réelle culture de prévention et en structurant une organisation adaptative, les entreprises du secteur peuvent réduire significativement leur sinistralité tout en favorisant un climat de confiance et de responsabilité.
Face à ces enjeux, la question se pose alors : comment faire évoluer nos pratiques pour que chaque compagnie itinérante puisse disposer d’une évaluation des risques réellement efficace et adaptée à ses spécificités ?
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