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18/06/2025Évaluation des risques lors des opérations de manœuvre
Les opérations de manœuvre – qu’il s’agisse de déplacer des véhicules, d’aligner une remorque, de guider un engin de chantier ou de repositionner un chariot élévateur – font partie du quotidien sur les sites industriels, logistiques, portuaires ou de BTP. Souvent considérées comme des gestes simples, elles sont pourtant à l’origine d’un nombre important d’accidents du travail graves : écrasements, heurts, renversements…

Ces incidents révèlent le manque d’anticipation et d’analyse des risques liés à ces tâches. L’évaluation des risques avant toute opération de manœuvre est donc une étape cruciale dans toute démarche QHSE. Cet article propose une méthode d’analyse claire et des leviers concrets pour sécuriser ces opérations.
I. Les risques spécifiques aux manœuvres sur site
A. Heurts et écrasements
Les manœuvres impliquent souvent des zones à visibilité réduite, où cohabitent :
- Engins en marche arrière
- Véhicules en angle mort
- Piétons présents sans balisage
- Rétrécissements ou obstacles non visibles
Les conséquences peuvent être graves voire mortelles en cas d’écrasement contre un mur ou sous une roue.
B. Renversements et collisions matérielles
Un virage mal négocié, une vitesse excessive ou un défaut d’adhérence peuvent entraîner :
- Renversement de l’engin ou du véhicule
- Détérioration de charges, de racks, de bâtiments
- Accrochage entre véhicules
Cela entraîne non seulement des dégâts, mais aussi l’interruption de l’activité, des retards et des coûts importants.
C. Stress, précipitation et conditions dégradées
Les opérations de manœuvre sont souvent réalisées :
- En fin de journée, dans un contexte de fatigue
- Sous pression horaire ou météo difficile
- Par des salariés non formés à la conduite ou à la signalisation
Ces facteurs favorisent les erreurs et diminuent la vigilance.
II. Comment évaluer efficacement les risques de manœuvre ?
A. Identifier les situations à risque
L’analyse doit être systématique dès qu’une manœuvre est prévue :
- Entrée ou sortie de véhicule sur site
- Croisement dans des allées étroites
- Manœuvres à proximité de zones piétonnes
- Opérations sur terrain en pente, glissant ou encombré
Chaque configuration doit faire l’objet d’un repérage terrain et d’une fiche de situation.
B. Intégrer l’évaluation dans le DUERP
L’évaluation des risques liés aux manœuvres doit figurer dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) :
- Identifier les postes concernés (caristes, chauffeurs, agents de quai)
- Analyser les manœuvres types (fréquence, lieu, environnement)
- Déterminer la gravité potentielle et la probabilité d’occurrence
Cette évaluation permet de prioriser les mesures correctives.
C. Associer les équipes à l’évaluation
Les meilleures évaluations sont collaboratives :
- Réaliser des visites terrain avec les opérateurs
- Recueillir les retours d’expérience (quasi-accidents, incidents passés)
- Intégrer les observations comportementales (vitesse excessive, absence de guidage…)
Impliquer les équipes favorise l’adhésion aux mesures de prévention à venir.
III. Mettre en œuvre des mesures de prévention ciblées
A. Organisation et balisage des zones de manœuvre
Des actions simples ont un effet immédiat :
- Délimiter les zones de manœuvre (marquage au sol, rubalise, barrières)
- Mettre en place une signalisation claire et visible
- Interdire l’accès aux piétons non autorisés
- Créer des aires de retournement ou de dégagement adaptées
La gestion des flux est un pilier essentiel de la sécurité.
B. Formation et responsabilisation des intervenants
Les conducteurs et agents doivent être :
- Formés aux risques spécifiques (angle mort, coactivité, port de charge)
- Sensibilisés à la vigilance dans les zones à risque
- Détenteurs de CACES ou autorisation interne en fonction des engins
- Capables de réagir en cas de danger immédiat
Les guides-manœuvres doivent également être formés au langage gestuel de sécurité.
C. Surveillance, remontée d’incidents et amélioration continue
Mettre en place :
- Des points de contrôle visuels (caméras, capteurs, miroirs convexes)
- Un système de remontée d’incidents ou de quasi-accidents
- Des revues régulières des zones à risque
L’analyse des écarts alimente une démarche d’amélioration continue QHSE.
Conclusion
Les opérations de manœuvre ne sont jamais anodines. Elles nécessitent une évaluation spécifique des risques, une organisation rigoureuse et une vigilance collective. Trop souvent considérées comme des gestes de routine, elles méritent une attention particulière dans toute démarche QHSE. En intégrant cette analyse aux documents réglementaires, en associant les équipes et en adaptant les pratiques, il devient possible de prévenir efficacement les accidents et de renforcer la culture sécurité sur le terrain.
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