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15/08/2025Qui peut délivrer une habilitation électrique ? Rôle de l’employeur et du formateur
La sécurité électrique constitue une composante essentielle de la prévention des risques professionnels en milieu industriel, tertiaire ou sur chantier. La manipulation d’équipements électriques peut engager la vie, l’intégrité physique et la santé des personnes en présence, si bien que l’obtention d’une habilitation électrique est non seulement une obligation réglementaire, mais également une étape fondamentale pour garantir la sécurité de tous.

La question centrale qui se pose alors concerne l’identité des acteurs habilités à délivrer cette habilitation : qui peut primer cette reconnaissance officielle de compétences pour manipuler ou intervenir sur des installations électriques ? Plus précisément, quel est le rôle de l’employeur et du formateur dans cette démarche ? Cet article vous propose une analyse approfondie de ces enjeux, en rappelant la réglementation en vigueur, les responsabilités respectives, et les bonnes pratiques pour une gestion optimale de l’habilitation électrique.
I. La réglementation encadrant l’habilitation électrique
L’octroi d’une habilitation électrique relève d’un cadre réglementaire précis, dicté principalement par le Code du travail, ainsi que par des normes techniques nationales et européennes. Ces textes législatifs et normatifs fixent l’objet, la procédure, et les acteurs habilités à délivrer cette reconnaissance de compétence.
A. La base légale : Code du travail et normes
L’article R4544-9 du Code du travail stipule que l’employeur doit assurer la sécurité et protéger la santé de ses salariés face aux risques électriques. Il doit s’assurer qu’ils disposent des compétences nécessaires pour intervenir en toute sécurité, notamment par l’octroi d'une habilitation électrique appropriée. La norme NF C 18-510, publiée par la SF2A (Société Française de l’Électricité et de ses Applications), précise en détail la procédure et le contenu de l’évaluation des compétences, définissant ainsi un cadre normatif pour la délivrance de l’habilitation.
B. Objectif et contenu de l’habilitation électrique
L’habilitation électrique ne constitue pas une qualification mais une reconnaissance de compétences spécifiques. Elle précise le type d’interventions autorisées (ex. habilitation B0, B1, H0, H1), la périodicité de la formation et de la vérification des compétences, ainsi que les consignes de sécurité associées. Elle doit être renouvelée à chaque expiration ou en cas de changement des conditions d’exercice.
C. Les acteurs principaux : employeur, formateur, intervenants habilités
Selon la réglementation, l’habilitation doit être délivrée par une personne compétente disposant d’une reconnaissance officielle de ses compétences en matière électrique. La responsabilité incombant à l’employeur en tant que donneur d’ordre ou de travail est centrale : c’est lui qui doit garantir que la personne à qui il confie cette délégation possède effectivement les compétences nécessaires.
II. Qui peut délivrer une habilitation électrique ?
La possibilité de délivrer une habilitation électrique repose principalement sur la compétence, la formation, et la reconnaissance officielle de l’individu ou de l’organisme habilité à le faire. La réglementation distingue deux grands acteurs : l’employeur lui-même, et les organismes de formation spécialisés.
A. L’employeur : rôle et responsabilités
1. La responsabilité directe
L’employeur est responsable de la sécurité de ses salariés, incluant la vérification du respect des prérequis nécessaires à la manipulation sécurisée des installations électriques. Il doit veiller à ce que les personnes habilitées disposent des compétences techniques, médicales, et réglementaires.
2. La délégation de l’habilitation
Il peut déléguer cette tâche à un personnel qualifié ou à un organisme de formation agréé. La personne qui délivre l’habilitation doit justifier d’une expérience significative, d’une formation à la veille réglementaire, et d’une connaissance précise des installations concernées.
3. La délivrance en interne ou en externe
L’employeur peut faire appel à des formateurs internes qualifiés ou à des organismes externes spécialisés. Cependant, dans tous les cas, la finalité reste la même : certifier la niveau de compétence et la conformité réglementaire de l’intervention.
B. Les organismes de formation : acteurs habilités à délivrer l’habilitation
1. La formation initiale et continue
Les organismes de formation spécialisés dans la sécurité électrique sont habilités à dispenser des formations conformes aux référentiels NF C 18-510 et à délivrer l’habilitation après évaluation des compétences. Pour cela, ils doivent disposer de certifications et d’agréments conformes aux exigences réglementaires.
2. La procédure de validation
Après la formation théorique et pratique, l’organisme ou le formateur habilité réalise une évaluation orale et/ou pratique. La réussite permet la délivrance de l’habilitation, généralement sous forme d’un certificat écrit précisant la nature d’intervention autorisée.
3. Le renouvellement
Les organismes doivent assurer le suivi et le renouvellement périodique des habilitations, conformément aux délais fixés dans la réglementation (souvent tous les 3 ans).
C. La qualification et compétences du formateur ou de la personne habilitée à délivrer
Les critères essentiels concernent l’expertise technique, la connaissance réglementaire, et l’aptitude pédagogique. Le formateur ou la personne habilitée doit posséder une expérience avérée dans le domaine électrique, une certification en formation ou en QHSE, et une mise à jour régulière de ses compétences.
III. La complémentarité entre employeur et formateur dans la démarche d’habilitation
Comprendre le rôle respectif de l’employeur et du formateur permet d’assurer une démarche cohérente, efficace et conforme.
A. La responsabilité de l’employeur dans la gestion de l’habilitation
L’employeur doit définir une politique claire en matière d’habilitation électrique, assurer la formation initiale et périodique, identifier les personnels habilités, et suivre leur conformité. Il doit également garantir que les formateurs ou organismes choisis respectent les normes, et que les habilitations délivrées sont valides et adaptées.
B. La nécessité de formation qualifiée et de veille réglementaire
Un formateur ou un organisme agréé doit maintenir une qualité pédagogique et technique optimale, en assurant une veille réglementaire régulière. La formation doit couvrir: la compréhension des risques, les mesures préventives, les protocoles d’intervention, et la connaissance des installations spécifiques.
C. La validation des compétences
L’acte de délivrer une habilitation ne doit pas se faire à la légère. Il implique une vérification approfondie des compétences, par un interrogatoire, une mise en situation ou un test pratique. La documentation (attestation, fiche d’habilitation) doit être complète, datée, et conforme.
Conclusion
L’obtention d’une habilitation électrique ne peut être déléguée à n’importe qui : elle doit reposer sur une évaluation rigoureuse des compétences, réalisée par des acteurs compétents et réglementairement habilités. La responsabilité de l’employeur demeure centrale, puisqu’il doit garantir la conformité réglementaire de ses personnels habilités, tout en s’appuyant sur la compétence des formateurs et des organismes agréés pour la transmission et l’évaluation. La démarche d’habilitation doit être vue comme un processus continu, intégrant formation, contrôle, et actualisation des compétences.
En définitive, cette question ouvre également une réflexion : comment assurer une qualité optimale dans la délivrance des habilitations électriques, tout en respectant les enjeux de sécurité et de formation professionnelle ? La clé réside peut-être dans une collaboration étroite entre employeur et organisme de formation, articulée autour d’une démarche qualité partagée.
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