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21/05/2025

Plan de circulation sur chantier : un outil de prévention souvent négligé

Sur un chantier, la cohabitation de nombreux acteurs (engins, véhicules légers, piétons, sous-traitants, livraisons) dans un espace parfois restreint et en perpétuelle évolution rend la circulation complexe et dangereuse. Pourtant, le plan de circulation est encore trop souvent perçu comme un document annexe, voire bureaucratique, plutôt qu’un véritable outil de prévention des risques.

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Un plan de circulation clair, actualisé et appliqué permet pourtant d’éviter des collisions, des heurts, des chutes et des accidents graves, tout en optimisant l’organisation du chantier.

Dans cet article, nous faisons le point sur l’intérêt, les principes et la bonne mise en œuvre d’un plan de circulation efficace, dans une logique de sécurité, fluidité et coordination QHSE.


I. Pourquoi un plan de circulation est-il indispensable sur un chantier ?


A. Un chantier est un environnement mouvant


Contrairement à un site industriel fixe, un chantier évolue chaque jour :

  • zones de travaux qui changent de place,
  • accès modifiés selon les phases,
  • nouvelles entreprises intervenantes.

Sans une organisation rigoureuse des flux, on observe rapidement :

  • des engorgements, des chevauchements de circulation,
  • des risques de collision entre engins et piétons,
  • des incivilités ou pertes de temps dans les livraisons.


B. Un levier fort de prévention


Le plan de circulation permet de :

  • séparer les flux de véhicules et de piétons,
  • définir les zones de chargement, déchargement et stockage,
  • organiser les priorités de passage et les vitesses autorisées,
  • anticiper les zones à risque élevé (angles morts, rampes, croisements, pentes).

C’est un outil qui s’inscrit pleinement dans la démarche de prévention des risques professionnels, et qui peut faire la différence lors d’un contrôle de l’inspection du travail ou d’un audit sécurité.


C. Une obligation réglementaire implicite


Bien que le Code du travail ne cite pas directement le « plan de circulation », plusieurs articles imposent à l’employeur :

  • de prévenir les risques liés à la circulation interne (art. R. 4224-3 à R. 4224-5),
  • de mettre en place une signalisation appropriée (art. R. 4224-24 et suivants),
  • d’assurer une coordination sécurité (notamment dans le cadre du plan général de coordination SPS).

Dans les marchés publics ou sur les chantiers multi-entreprises, le plan de circulation est un élément clé du plan de prévention.


II. Contenu et principes d’un bon plan de circulation


A. Cartographier les flux


Le plan de circulation doit représenter visuellement le site, avec :

  • les voies de circulation des véhicules (VL, PL, engins),
  • les chemins piétons sécurisés,
  • les zones de livraison, stationnement, stockage,
  • les sens de circulation, zones de croisement et giratoires.

Un bon plan intègre :

  • les issues de secours,
  • les emplacements des extincteurs et zones ATEX si concernées,
  • les zones de repli en cas d’évacuation d’urgence.

Il doit être à jour et affiché en plusieurs points stratégiques.


B. Définir des règles de circulation


Au-delà du schéma, il faut rédiger un règlement clair :

  • limitations de vitesse,
  • priorité aux piétons ou aux engins selon les zones,
  • consignes de circulation de nuit ou par temps dégradé,
  • interdictions de certaines zones sans autorisation.

Chaque intervenant (chauffeur, manœuvre, conducteur d’engin, livreur…) doit avoir reçu l’information lors de son accueil sécurité.


C. Adapter le plan aux phases du chantier


Un plan unique n’est pas réaliste sur toute la durée du chantier. Il faut :

  • définir des plans par phase (gros œuvre, second œuvre, finitions…),
  • anticiper les évolutions à chaque réaménagement de la zone de travaux,
  • impliquer le coordonnateur SPS dans la mise à jour des flux.

Un référent circulation (chef de chantier, QHSE…) doit être désigné pour assurer le suivi et le respect du plan.


III. Assurer l’efficacité du plan sur le terrain


A. Signaler visuellement les règles


La signalisation est un complément indispensable au plan :

  • panneaux de limitation, de sens de circulation, de priorité,
  • marquage au sol (flèches, zébrures, bandes piétonnes…),
  • balisage de zones interdites ou dangereuses (filets, rubans, plots…).

Le matériel doit être :

  • normalisé, visible, adapté à l’environnement (pluie, poussière, nuit…),
  • mis à jour à chaque modification du plan de circulation.


B. Former et sensibiliser les intervenants


Chaque entreprise doit intégrer le plan de circulation dans :

  • l’accueil sécurité chantier,
  • ses briefings quotidiens ou hebdomadaires,
  • les causeries sécurité ciblées.

Un rappel régulier est nécessaire, surtout lorsque :

  • de nouveaux intervenants arrivent,
  • une phase de chantier à fort trafic commence.

Des sanctions progressives peuvent être mises en place en cas de non-respect manifeste des règles (avertissement, exclusion temporaire…).


C. Évaluer et ajuster en continu


Le plan de circulation doit être :

  • contrôlé sur le terrain (rondes sécurité, audits internes…),
  • ajusté en fonction des remontées du terrain (points noirs, angles morts…),
  • analysé après incident (collision, quasi-accident, mauvaise compréhension des règles).

Des indicateurs simples peuvent être suivis :

  • nombre d’incidents liés à la circulation,
  • retards de livraison dus à des problèmes d’accès,
  • fréquence de non-respect des règles.


Conclusion


Le plan de circulation sur chantier est bien plus qu’un plan affiché sur un mur. C’est un outil vivant, stratégique et essentiel à la prévention des risques. Lorsqu’il est bien conçu, compris, mis à jour et respecté, il permet d’éviter les accidents, de fluidifier les opérations et de rassurer tous les acteurs du chantier.


La vraie question est donc : votre plan de circulation est-il juste présent… ou réellement appliqué et efficace ?


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