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27/05/2025

Prévention des TMS dans les établissements de santé : leviers d'action

Les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent la première cause de maladies professionnelles reconnues dans le secteur de la santé. Infirmiers, aides-soignants, brancardiers, agents de service hospitalier ou personnel de bloc opératoire sont exposés quotidiennement à des gestes répétitifs, des efforts physiques intenses et des postures contraignantes.

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Dans un environnement souvent sous tension – effectifs réduits, urgences permanentes, contraintes organisationnelles – les TMS deviennent non seulement un enjeu de santé au travail, mais aussi un risque pour la qualité des soins et la pérennité des équipes.

La prévention des TMS dans les établissements de santé nécessite donc une approche globale, mêlant organisation du travail, ergonomie, équipement, formation et culture de la prévention.


I. Comprendre les spécificités des TMS dans le secteur de la santé


A. Des gestes contraignants mais incontournables


Les professionnels de santé sont confrontés à des activités qui sollicitent intensément le corps :

  • manutention de patients : levers, transferts, aides au déplacement,
  • gestes répétitifs : soins, toilettes, pansements, saisie informatique,
  • postures maintenues : soins prolongés au lit, interventions chirurgicales, travail en position courbée ou accroupie.

Ces gestes sont souvent effectués dans l’urgence, avec peu de marge de manœuvre, sur des patients non autonomes, parfois agités, ou dans des espaces restreints.


B. Les parties du corps les plus touchées


Les TMS affectent particulièrement :

  • le dos (lombalgies, dorsalgies),
  • les épaules (tendinites, troubles de la coiffe des rotateurs),
  • les poignets (canal carpien),
  • les genoux et les cervicales, dans certaines spécialités ou tâches prolongées.

Ces pathologies évoluent souvent de manière chronique, impactant la capacité de travail et générant des arrêts fréquents, voire des inaptitudes médicales.


C. Les facteurs aggravants dans les établissements de santé


Parmi les facteurs favorisant l’apparition ou l’aggravation des TMS :

  • charge de travail élevée, horaires décalés ou nuit,
  • effectifs insuffisants, rotation rapide du personnel,
  • manque de matériel adapté ou en état de fonctionnement,
  • organisation rigide, empêchant l’ajustement des rythmes ou des positions,
  • culture du dévouement, où la douleur est souvent minimisée voire banalisée.


II. Mettre en place une démarche de prévention efficace


A. Évaluer et analyser les situations à risque


La prévention commence par une analyse fine des postes de travail :

  • observations terrain : accompagnement des équipes sur leurs tournées,
  • entretiens individuels ou collectifs : perception des contraintes, idées d’amélioration,
  • fiche d’analyse des gestes et postures : mouvements, fréquence, posture, durée, charge,
  • mesures complémentaires : utilisation d’outils comme RULA, REBA ou OCRA.

L’ensemble alimente le DUERP, avec des actions ciblées selon les services et les typologies de tâches.


B. Agir sur l’organisation du travail


Des ajustements simples peuvent réduire fortement les risques :

  • favoriser la bivalence des tâches pour éviter la répétition exclusive,
  • organiser les soins pour limiter les manutentions inutiles (planification cohérente, regroupement d’interventions),
  • instaurer des pauses actives et des temps de récupération,
  • mieux répartir la charge physique au sein de l’équipe.

La prévention devient efficace lorsqu’elle intègre la réalité du soin, sans créer de lourdeur administrative.


C. Former et sensibiliser les professionnels


La formation est un levier essentiel :

  • gestes et postures adaptés à la réalité du soin,
  • utilisation correcte des aides techniques (lève-personnes, draps glissants, rails au plafond…),
  • formation de référents TMS dans les équipes,
  • développement de réflexes collectifs : demander de l’aide, coordonner les efforts, signaler les douleurs.

Les sessions doivent être régulières, pratiques, contextualisées (pas de PowerPoint déconnecté du terrain), avec mise en situation réelle.


III. S’appuyer sur l’ergonomie et les équipements


A. Adapter les postes et espaces


Les établissements peuvent améliorer l’ergonomie :

  • réglage en hauteur des lits, des plans de travail, des chariots de soins,
  • éclairage suffisant pour éviter les postures compensatoires,
  • accès facilité aux équipements (douche, pèse-personne, fauteuils roulants…),
  • réduction des distances à parcourir inutilement dans les services.

Il est utile d’intégrer l’ergonome dans les projets de rénovation ou de réaménagement des unités.


B. Mettre à disposition des aides techniques fonctionnelles


Un levier fondamental : le bon outil au bon moment. Cela suppose :

  • un inventaire à jour des équipements disponibles,
  • une maintenance régulière (éviter le "hors service" chronique),
  • une formation à leur bon usage,
  • une accessibilité immédiate (éviter qu’ils soient stockés à l'autre bout du service).

La qualité du matériel influe directement sur l’acceptation par les soignants et donc sur son usage.


C. Suivre les indicateurs et ajuster les actions


Une démarche efficace repose aussi sur un pilotage structuré :

  • suivi du nombre de TMS déclarés,
  • taux d’absentéisme lié aux douleurs musculosquelettiques,
  • satisfaction des équipes sur les actions menées,
  • taux d’utilisation des aides techniques.

Des revues régulières permettent de réévaluer les priorités, ajuster les formations, adapter les équipements, et surtout valoriser les efforts collectifs.


Conclusion


La prévention des TMS dans les établissements de santé n’est pas une charge supplémentaire. C’est un facteur de qualité de vie au travail, de fidélisation des professionnels et de performance des soins.

Elle suppose d’écouter le terrain, de s’appuyer sur les bons outils, et de faire de la santé du soignant une priorité aussi légitime que celle du patient.


La vraie question est donc : votre établissement soigne-t-il aussi bien ses patients… que ceux qui les prennent en charge ?


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