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23/05/2025

QHSE dans les ateliers de maintenance du matériel roulant

Que ce soit pour le ferroviaire, le transport urbain ou les équipements industriels mobiles, les ateliers de maintenance du matériel roulant sont des lieux stratégiques pour garantir la sécurité, la disponibilité et la fiabilité des véhicules. Mais ils sont également des environnements de travail complexes, où cohabitent risques mécaniques, chimiques, électriques et organisationnels. Une approche QHSE rigoureuse est donc indispensable pour protéger les techniciens, prévenir les accidents, et assurer la conformité réglementaire.

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Cet article explore les enjeux spécifiques à la maintenance du matériel roulant et les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour faire de la sécurité un levier de performance durable.


I. Un environnement de travail à risques multiples


A. Risques mécaniques et manutention


Les ateliers concentrent des activités à forte technicité :

  • démontage de bogies, remplacement de pièces lourdes,
  • opérations sous véhicule, avec élévateurs ou fosses,
  • utilisation d’outils électroportatifs, crics hydrauliques, ponts roulants.

Ces interventions génèrent des risques :

  • écrasement, coincement, chutes d’objets,
  • manutentions manuelles inadaptées,
  • contacts avec des pièces en mouvement ou sous tension.


B. Risques chimiques et biologiques


Les produits utilisés en maintenance incluent :

  • solvants, graisses, huiles, décapants, détergents industriels,
  • fluides de freinage, liquides de refroidissement, peintures,
  • risques liés aux poussières (freinage, sablage, métaux lourds).

Sans précaution, les opérateurs sont exposés par :

  • inhalation de vapeurs toxiques,
  • contact cutané avec des produits irritants ou corrosifs,
  • projection oculaire accidentelle.

Les risques biologiques peuvent également être présents, notamment dans les climatisations (légionelles) ou sur les surfaces souillées.


C. Risques électriques, thermiques et incendie


Les opérations de maintenance impliquent aussi :

  • des interventions sur des systèmes électriques sous tension (batteries, circuits de traction…),
  • des soudages, décapages ou coupes à chaud,
  • la présence de carburants ou fluides inflammables.

Le risque incendie est particulièrement élevé en cas :

  • de stockage inadapté de produits dangereux,
  • de défaut de ventilation,
  • d’utilisation d’équipements non conformes en zone ATEX.


II. Une organisation QHSE spécifique à la maintenance mobile


A. L’analyse de risque comme point de départ


Avant toute intervention, il est essentiel de :

  • cartographier les tâches par famille d’activité (électricité, pneumatique, structure, électronique…),
  • identifier les zones à risques spécifiques (fosses, mezzanines, zones ATEX, cabines d’essai…),
  • intégrer les scénarios accidentels probables (chute, incendie, intoxication…).

Ces éléments alimentent le Document Unique (DUERP) et les plans de prévention internes.

Des fiches de sécurité poste par poste peuvent également être mises en place, avec consignes, EPI requis et règles d’accès.


B. Des procédures opérationnelles claires et appliquées


Les ateliers doivent disposer de :

  • protocoles écrits d’intervention pour les travaux à risque (énergie, hauteur, levage),
  • systèmes de consignation/déconsignation électrique et fluide,
  • procédures d’autorisation pour les travaux à chaud, avec permis feu,
  • plans de circulation et balisage des zones sensibles (piétons vs engins, zones de stockage, sas chimiques…).

Ces procédures doivent être connues, affichées et réexpliquées régulièrement.


C. Gestion des produits dangereux et des déchets


Une démarche QHSE efficace implique :

  • l’inventaire permanent des produits chimiques avec accès aux FDS,
  • la limitation du stockage à l’essentiel, dans des armoires ventilées, étiquetées,
  • des points de collecte des déchets bien identifiés : huiles usées, filtres, emballages souillés, pièces contaminées…

Les déchets dangereux doivent être étiquetés, stockés séparément et évacués par des filières agréées, avec traçabilité.


III. Piloter la culture sécurité et l’amélioration continue


A. Former et impliquer les opérateurs


La sécurité en atelier dépend de la compétence des équipes :

  • formation initiale à la sécurité, aux risques chimiques et électriques,
  • habilitation électrique pour les personnels concernés,
  • exercices incendie, manipulation d’extincteurs, premiers secours,
  • sensibilisation aux bons gestes (port de charge, travail en fosse, vigilance croisée…).

Les managers doivent organiser des causeries sécurité, des retours d’expérience et intégrer le personnel dans les groupes d’amélioration continue.


B. Vérifier, auditer, corriger


Le suivi QHSE repose sur :

  • des audits internes réguliers (ordre, rangement, conformité équipements, respect des consignes),
  • le suivi des incidents, quasi-accidents et situations dangereuses,
  • la mise à jour des plans d’action correctifs,
  • la traçabilité des non-conformités.

Les indicateurs peuvent inclure :

  • taux d’accidents,
  • fréquence des remontées terrain,
  • nombre de contrôles EPI réalisés,
  • taux de réalisation des formations.


C. Adapter l’environnement de travail


Enfin, l’aménagement des ateliers doit évoluer :

  • éclairage renforcé, sol antidérapant, systèmes de levage automatisés,
  • ventilation renforcée, extraction localisée,
  • ergonomie des postes, réduction des postures contraignantes,
  • délimitation claire des zones de sécurité.

Ces améliorations favorisent une réduction des risques, une meilleure qualité de travail et une motivation accrue des équipes.


Conclusion


Les ateliers de maintenance du matériel roulant sont à la croisée des risques : techniques, chimiques, organisationnels et humains.

Une démarche QHSE exigeante, ancrée dans la réalité du terrain et portée par l’ensemble des équipes, permet de transformer ces zones à haut potentiel de danger en espaces sécurisés, performants et résilients.


La vraie question est donc : votre atelier est-il conforme… ou véritablement sécurisé et maîtrisé ?


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