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15/05/2025QHSE et sécurité des carburants d’aviation : stockage, transport, usage
Dans le secteur aéronautique, les carburants d’aviation représentent à la fois une ressource vitale et un risque majeur. Stockés en grande quantité, transportés quotidiennement sur les pistes, manipulés en environnement sensible, ils présentent des propriétés hautement inflammables et volatiles.

Que ce soit le JET A-1, carburant principal des avions à turbine, ou l’AVGAS, destiné aux petits moteurs à piston, leur gestion impose une maîtrise rigoureuse des risques chimiques, environnementaux et opérationnels.
Dans cette optique, la démarche QHSE joue un rôle essentiel pour assurer la sécurité des personnes, des installations et des aéronefs, tout en respectant les exigences réglementaires strictes en matière de sécurité et d’environnement.
I. Comprendre les risques liés aux carburants d’aviation
A. Nature des carburants
Les principaux carburants utilisés en aviation sont :
- JET A-1 : kérosène raffiné à point d’éclair bas (env. 38 °C), très fluide.
- AVGAS 100LL : essence aviation à haute teneur en octane, plus volatile.
Ces carburants présentent :
- un risque d’inflammation élevé,
- une toxicité par inhalation ou contact cutané,
- des effets nocifs sur l’environnement (sols, eaux, air).
B. Types de risques
Risques d’incendie et d’explosion :
- vapeurs inflammables en atmosphère confinée,
- contact avec sources d’ignition (électricité statique, moteur chaud…),
- défauts de mise à la terre.
Risques chimiques :
- irritation cutanée ou oculaire,
- exposition chronique possible (cancérogène probable pour certaines fractions lourdes).
Risques environnementaux :
- pollution des nappes phréatiques en cas de fuite,
- contamination du sol, des eaux pluviales, des bassins de rétention.
Risques opérationnels :
- erreur de carburant (JET A-1 vs AVGAS),
- défaut de filtrage ou de qualité (présence d’eau, impuretés…),
- surremplissage ou déversement.
II. Sécuriser le stockage des carburants aéronautiques
A. Choix du site et conception des installations
Le stockage doit être :
- situé en zone sécurisée, à l’écart des zones habitées,
- protégé contre les risques d’impact et d’incendie externe,
- conçu selon les normes NFPA, IATA, ICAO et EN 12385.
Les cuves doivent être :
- double enveloppe ou placées dans des bacs de rétention,
- dotées de capteurs de niveau et d’alerte,
- reliées à un système de mise à la terre et liaison équipotentielle.
B. Prévention des incendies
Les équipements doivent inclure :
- systèmes d’extinction adaptés (mousse AFFF, poudre spéciale carburant),
- zones ATEX (atmosphères explosives) correctement définies,
- dispositifs anti-débordement, soupapes de décharge.
Un plan d’intervention incendie doit être disponible et connu des équipes.
C. Contrôle qualité et traçabilité
Les carburants doivent être :
- filtrés et testés régulièrement (contenu en eau, température, densité),
- stockés à température stable, à l’abri de la lumière directe,
- accompagnés de certificats de conformité et d’analyse.
Toute opération doit être tracée : volume, origine, date, opérateur, aéronef destinataire.
III. Sécuriser le transport sur aéroport et au-delà
A. Transport sur site aéroportuaire
Les carburants sont acheminés par :
- camions-citernes spécialisés (refuelers),
- pipe-in systems depuis les stockages centraux.
Mesures de sécurité :
- véhicules homologués ADR, zones ATEX respectées,
- opérateurs formés au risque carburant et habilités AIPR,
- dispositifs de freinage d’urgence, extinction embarquée,
- respect des vitesses et itinéraires sécurisés sur piste.
Chaque opérateur doit porter :
- EPI adaptés (gants, lunettes, vêtements antistatiques),
- chaussures conductrices pour éviter les décharges électriques.
B. Transport longue distance
Le transport par route, rail ou mer impose :
- la conformité au règlement ADR, RID ou IMDG,
- l’utilisation de citernes homologuées, avec ventilation, soupapes, clapets anti-retour,
- la présence de documents de transport, FDS et consignes de sécurité.
Des plans de secours doivent être mis en œuvre en cas d’accident ou de fuite.
IV. Maîtriser l’usage et la distribution au pied de l’aéronef
A. Opérations de ravitaillement
Le ravitaillement est une phase critique :
- le personnel doit être formé et autorisé (CAT B, accréditations spécifiques),
- la liaison équipotentielle doit être vérifiée avant toute opération,
- un contrôle visuel du carburant est effectué à chaque ravitaillement.
Toute intervention est encadrée par une checklist sécurité QHSE, incluant :
- les bons réflexes en cas de débordement ou de contact,
- la vérification de l’identification carburant (éviter les inversions),
- le respect des temps de purge, de déconnexion et d’attente avant démarrage moteur.
B. Prévention des erreurs humaines
Les erreurs de manipulation ou d’identification peuvent avoir des conséquences fatales. Pour les éviter :
- standardiser les procédures, les couleurs, les connecteurs,
- utiliser des marquages clairs sur les pompes, pistolets, et aéronefs,
- recourir à une double vérification systématique.
Le carburant doit être filtré juste avant injection, avec un contrôle qualité final.
C. Gestion des incidents et déchets
En cas de déversement :
- utiliser des kits d’intervention d’urgence (absorbants, bacs, neutralisants),
- isoler la zone, prévenir les secours, alerter les équipes environnement et sécurité.
Les déchets (eaux souillées, filtres, absorbants usagés) doivent être :
- collectés dans des contenants homologués,
- évacués par une filière de traitement agréée,
- tracés dans le registre déchets dangereux.
Conclusion
Le carburant est l’énergie vitale de l’aérien, mais aussi un risque omniprésent, du réservoir souterrain à l’injection finale dans l’aéronef. Assurer sa sécurité nécessite une chaîne de maîtrise continue, fondée sur la rigueur, la formation et la culture QHSE.
La moindre négligence peut entraîner un accident, une pollution ou une erreur technique lourde de conséquences.
La vraie question est donc : votre gestion du carburant est-elle simplement opérationnelle… ou véritablement sécurisée à chaque maillon ?
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