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07/05/2025

QHSE et terrassement : comment prévenir les affaissements et éboulements

Les travaux de terrassement représentent une étape critique dans de nombreux chantiers du BTP, qu’il s’agisse de creuser, remblayer, niveler ou stabiliser le sol. Ces opérations sont essentielles à la stabilité des ouvrages futurs, mais elles exposent aussi les équipes à des risques importants, notamment ceux liés aux affaissements de terrain et éboulements de parois.

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Ces incidents, souvent brutaux et imprévisibles, peuvent entraîner des accidents graves, des dégâts matériels, voire des arrêts de chantier prolongés. Dans ce contexte, les professionnels QHSE ont un rôle clé pour anticiper, encadrer et sécuriser les travaux de terrassement.

Cet article propose une analyse complète des risques liés au terrassement, des mesures de prévention à appliquer, et des outils QHSE à mobiliser pour garantir la sécurité des équipes et la conformité des opérations.


I. Identifier les risques liés aux affaissements et éboulements


A. Comprendre la nature des risques


Les affaissements et éboulements sont causés par :

  • la perte de cohésion du sol (argileux, sableux, gorgé d’eau…),
  • une surcharge excessive en bord de fouille,
  • des vibrations dues à la circulation ou au matériel,
  • une mauvaise évaluation de la stabilité des parois.

Ils peuvent se produire :

  • pendant l'excavation (effondrement soudain),
  • après la réalisation du terrassement (déformation progressive),
  • lors d’intempéries ou de mouvements de nappe phréatique.


B. Conséquences humaines, techniques et juridiques


Un éboulement peut entraîner :

  • l’ensevelissement d’un ou plusieurs ouvriers,
  • la chute d’engins dans la fouille,
  • des dégradations des réseaux existants (eau, gaz, fibre…),
  • une mise en cause de la responsabilité pénale du chef de chantier ou de l’entreprise.

Ces risques justifient une analyse approfondie préalable, une surveillance constante et une réactivité immédiate.


II. Intégrer la prévention dans la préparation du chantier


A. Réaliser une étude géotechnique approfondie


L’analyse du sol permet de :

  • connaître la nature géologique (argile, limon, roche, sable…),
  • identifier les nappes d’eau ou points de saturation,
  • estimer la résistance et la stabilité des talus.

Cette étude guide :

  • le dimensionnement des pentes,
  • le choix des blindages ou étaiements,
  • les précautions en cas de pluie ou de drainage difficile.


B. Élaborer un plan de prévention spécifique


Le plan de prévention doit :

  • définir les zones à risques et les accès sécurisés,
  • préciser les techniques de terrassement utilisées (terrassement en fouille étroite, tranchée, talus…),
  • intégrer les dispositions liées à la co-activité, notamment pour les engins de chantier.

Il doit être partagé avec toutes les entreprises intervenantes et mis à jour en fonction de l’évolution du chantier.


C. Mettre à jour le Document Unique d’Évaluation des Risques (DUERP)


Le DUERP doit :

  • intégrer les risques liés aux terrassements profonds,
  • définir les mesures de prévention (EPI, formations, modes opératoires),
  • prévoir les scénarios d’accidents pour anticiper les secours.


III. Sécuriser les opérations de terrassement au quotidien


A. Choisir la bonne méthode d’excavation


Le choix dépend :

  • de la profondeur,
  • de la nature du sol,
  • de la présence de réseaux.

Méthodes possibles :

  • terrassement en tranchée à parois inclinées (pente douce),
  • terrassement avec blindage métallique (protection active),
  • terrassement avec étaiements ou palplanches pour les zones profondes ou instables.

Chaque méthode implique des protocoles précis de mise en œuvre et de vérification.


B. Limiter les charges et vibrations en bordure de fouille


Il est essentiel de :

  • interdire le stationnement d’engins lourds à proximité du bord,
  • baliser et contrôler les zones de circulation,
  • éviter les compactages trop proches des tranchées.

Un suivi rigoureux réduit les risques de glissement de terrain ou de tassement différentiel.


C. Installer une signalisation claire et durable


La signalisation doit :

  • délimiter les zones de danger (chutes, glissements, accès interdits),
  • être visible de jour comme de nuit,
  • rappeler les consignes de sécurité spécifiques au terrassement.

Elle doit être complétée par un contrôle quotidien visuel de la stabilité des parois.


IV. Impliquer les équipes et renforcer la vigilance


A. Former les intervenants aux risques spécifiques


Les équipes doivent recevoir une formation terrain sur :

  • la lecture des plans de prévention,
  • les signes avant-coureurs d’un affaissement,
  • les gestes à adopter en cas de mouvement de terrain.

Les encadrants doivent aussi être formés au pilotage des mesures correctives.


B. Mettre en place une surveillance active


Cela implique :

  • des visites de sécurité régulières (chef de chantier, animateur QHSE),
  • la vérification des parois et blindages après chaque nuit ou événement météo,
  • l’usage de capteurs de mouvement ou de sondes hydrauliques sur les gros chantiers.

Toute anomalie constatée doit être signalée immédiatement et faire l’objet d’un arrêt temporaire si nécessaire.


C. Capitaliser les retours d’expérience


Chaque incident (glissement, effondrement partiel, quasi-accident) doit faire l’objet :

  • d’un compte rendu détaillé,
  • d’une analyse des causes (5 pourquoi, arbre des causes…),
  • d’une diffusion auprès des équipes.

C’est un levier puissant d’amélioration continue de la prévention.


Conclusion


Les travaux de terrassement sont à la fois indispensables et dangereux. Leur sécurisation repose sur une préparation technique rigoureuse, un pilotage QHSE structuré et une implication active de tous les acteurs du chantier.

Prévenir les affaissements et éboulements, c’est protéger les vies, garantir la continuité des opérations, et ancrer une culture sécurité durable.


La vraie question est donc : vos équipes creusent-elles en toute sécurité… ou sur des fondations fragiles ?


#QHSE #Terrassement #PréventionDesRisques #BTP #SécuritéChantier


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