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29/06/2025Risques liés à la co-activité entre caristes, piétons et chauffeurs
Dans un environnement industriel ou logistique, la coexistence de plusieurs activités et acteurs est souvent inévitable. Parmi eux, les caristes, piétons et chauffeurs évoluant simultanément dans des espaces partagés constituent une configuration courante mais à haut risque. La co-activité engendre des situations complexes nécessitant une vigilance constante, tant pour la sécurité des personnes que pour la continuité des opérations. La compréhension fine des risques liés à cette cohabitation, ainsi que la mise en œuvre de mesures adaptées, sont essentielles pour prévenir les accidents graves, souvent à cause de comportements ou de configurations non maîtrisées.

Ce phénomène de co-activité, s’il n’est pas rigoureusement encadré, peut entraîner des conséquences dramatiques : blessures, arrêts de travail, dégradation du matériel ou même risques environnementaux en cas de déversement de matières dangereuses. La prévention repose sur une approche systémique intégrant la formation, la communication, la signalisation et une organisation rigoureuse du travail. L’article qui suit approfondit cette problématique en analysant ses enjeux fondamentaux, ses causes et les mesures concrètes à adopter pour assurer la sécurité collective.
I. Les enjeux et la portée des risques liés à la co-activité
A. La fréquence et la complexité des situations de co-activité
Les environnements de travail modernes, notamment dans la logistique, l’industrie ou la grande distribution, permettent une cohabitation quotidienne entre différentes activités. Selon plusieurs études sectorielles, plus de 70 % des incidents en milieu industriel impliquent une coactivité mal maîtrisée. La multiplication des flux—liés au transport interne, à la préparation de commandes ou à la maintenance—augmente la complexité de la gestion de ces espaces partagés.
Par ailleurs, l’introduction de nouvelles technologies, telles que les transpalettes électriques ou les véhicules autonomes, complexifie encore cette dynamique. La routine peut favoriser l’oubli des règles ou une imprudence devenue « habituelle », aggravant ainsi la survenue des incidents.
B. Les conséquences, tant humaines qu’économiques
Les enjeux ne se limitent pas aux risques immédiats pour la santé physique des travailleurs et des prestataires externes. La gravité des accidents peut entraîner des arrêts de production, une dégradation de la quality de service, voire une perte de confiance client. La SNCF ou la DREAL recensaient en 2022 plus de 1200 accidents liés à la co-activité, dont 35 % ayant impliqué des piétons ou des chauffeurs de chariots. Le coût global de ces incidents s’élève à plusieurs millions d’euros par an, soulignant la nécessité de renforcer les dispositifs de prévention.
C. La réglementation et la responsabilité des acteurs
La législation en vigueur impose aux employeurs des mesures concrètes pour assurer la sécurité des salariés, y compris lors de co-activités. L’article R. 4224-15 du Code du travail impose notamment une évaluation des risques spécifiques liés à chaque activité et la mise en place de plans de prévention. La responsabilité incombe également à chaque intervenant, qu'il soit cariste, piéton ou chauffeur, d’adopter un comportement conforme aux consignes et de respecter le matériel.
II. Les principales causes et facteurs de risque lors de co-activité
A. La méconnaissance des trajectoires et des limites d’intervention
Une majorité d’accidents se produit lorsque les protagonistes ne maîtrisent pas parfaitement leur environnement ou ne sont pas informés des zones de circulation, entraînant des comportements imprudents. La signalisation insuffisante ou peu visible, ainsi que la présence de zones mal délimitée, favorisent ces problématiques.
B. La distraction et le non-respect des règles
La surcharge de travail, les distractions liées à l’usage de téléphones portables ou la fatigue chronique favorisent les erreurs de conduite ou les oublis des consignes de sécurité. La culture de la rapidité, notamment dans la gestion d’une logistique sous tension, peut également réduire le temps d’observation et de vigilance.
C. La conception des espaces et équipements
Un aménagement inadéquat peut créer des angles morts, des cheminements ambiguës ou des surfaces glissantes. La mauvaise signalisation, la compartimentation inexistante ou peu efficace, ainsi que le manque de dispositifs de sécurité (barrières, signalétiques lumineuses ou acoustiques) sont des facteurs aggravants.
III. Les stratégies et bonnes pratiques pour prévenir les risques de co-activité
A. La cartographie précise et la signalisation adaptée des zones de circulation
L’identification claire des zones réservées aux piétons, celles réservées aux véhicules ou aux chariots élévateurs, constitue la première étape. L’utilisation de signalétique standardisée, visible et compréhensible, doit être systématique. La mise en place de plans de circulation et de balises lumineuses dans les zones à risque permet de guider en permanence tous les acteurs.
B. La formation et la sensibilisation continue des personnels
Une formation initiale exhaustive, complétée par des sessions régulières de sensibilisation, doit renforcer la connaissance des règles fondamentales de sécurité. La pratique d’exercices et de simulations d’incidents permet d’ancrer les comportements appropriés. La communication interne, par affichage ou réunions, contribue à maintenir une culture de sécurité active.
C. La gestion organisationnelle et le suivi des mesures de prévention
L’élaboration de protocoles précis, intégrant notamment la planification des interventions pour limiter la co-activité en simultané, est stratégique. La fréquence des audits de sécurité, la tenue de réunions de coordination et l’analyse rigoureuse des incidents passés facilitent une amélioration continue des pratiques.
Conclusion
La co-activité entre caristes, piétons et chauffeurs représente un défi majeur en matière de sécurité au sein des espaces industriels et logistiques. La multiplication des risques liés à ces interactions nécessite une approche proactive fondée sur une compréhension approfondie des causes, une organisation rigoureuse et une implication pérenne de tous les acteurs. Au-delà de la conformité réglementaire, il s’agit de développer une véritable culture sécurité, capable d’adapter en permanence les mesures préventives aux évolutions du contexte professionnel.
La question qui demeure alors est : comment susciter une responsabilisation collective durable pour faire de la co-activité un levier d’efficacité tout en garantissant la sécurité de tous ?
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