Cet article explore les risques spécifiques liés aux arrêts fréquents, les bonnes pratiques à mettre en œuvre et les solutions QHSE concrètes pour protéger les conducteurs dans tous leurs déplacements quotidiens.

I. Comprendre les risques liés aux arrêts fréquents

A. Un cumul d’expositions sous-estimées

Les arrêts fréquents entraînent :

• des montées et descentes de véhicule à répétition, souvent en bord de route ou sur des trottoirs encombrés,
• un port de charge manuel (colis, mallette, matériel, équipement),
• des manœuvres de stationnement dans des zones non prévues à cet effet,
• une exposition à la circulation, parfois sans visibilité ni signalisation.

Ces risques sont cumulés, répétés, et souvent non documentés, ce qui les rend d’autant plus dangereux à moyen terme.

B. Risques d'accident et de troubles musculosquelettiques

Les principaux risques sont :

• risques routiers : ouverture de portière sans visibilité, arrêt en zone interdite ou dangereuse, collisions lors de reprise de route,
• TMS : enchaînement de gestes répétitifs, port de charges sans aide mécanique, efforts dans des positions contraignantes,
• risques de chute : sols irréguliers, bordures de trottoirs, marches hautes des véhicules utilitaires.

Ces dangers concernent aussi bien les livreurs que les professionnels en intervention ponctuelle (techniciens, soins à domicile…).

C. Risques psychosociaux et fatigue

À ces risques physiques s’ajoutent des facteurs psychologiques :

• pression liée aux horaires de tournée,
• manque de lieux de pause adaptés (toilettes, repos, alimentation),
• solitude professionnelle, surtout dans les zones peu urbanisées ou les tournées longues,
• gestion du stress liée à la circulation, aux imprévus ou aux attentes des clients.

Ces conditions contribuent à l’apparition d’une fatigue chronique et de comportements à risque (précipitation, non-respect du code de la route…).

II. Bonnes pratiques de prévention pour les entreprises

A. Améliorer l’aménagement et l’équipement des véhicules

Les véhicules utilisés pour les missions itinérantes doivent être :

• ergonomiques : marchepieds antidérapants, poignées de maintien, siège réglable,
• équipés pour faciliter le travail : rangement sécurisé, éclairage intérieur, hayon élévateur si besoin,
• dotés de systèmes de signalisation (gilets haute visibilité, triangles, feux d’alerte) en cas d’arrêt imprévu.

La vérification régulière de l’état du véhicule est essentielle, notamment des freins, pneumatiques, éclairages et essuie-glaces.

B. Structurer les tournées et réduire les contraintes

L’organisation des tournées doit intégrer :

• des temps de pause suffisants et réguliers,
• une planification réaliste du nombre d’arrêts,
• l’optimisation des itinéraires (via outils GPS, applications métiers),
• la prise en compte des zones difficiles d’accès ou à stationnement risqué.

Si possible, les clients peuvent être sensibilisés à l’accueil des intervenants, en prévoyant un espace de stationnement ou une prise en charge plus rapide.

C. Former les salariés aux bons réflexes

La sécurité des arrêts fréquents repose aussi sur les comportements :

• descendre côté trottoir si possible,
• signaler sa présence par feux de détresse et gilet fluorescent,
• éviter les ports de charge en déséquilibre ou sur de longues distances,
• être attentif à l’environnement immédiat (passants, animaux, obstacles…).

Une formation spécifique aux risques de l’itinérance peut être intégrée au parcours sécurité, avec des mises en situation pratiques.

III. Intégrer les arrêts dans la démarche QHSE

A. Évaluer les risques dans le DUERP

Le Document Unique doit inclure :

• l’analyse des risques liés à la mobilité professionnelle,
• les risques spécifiques aux arrêts fréquents en milieu urbain ou rural,
• les mesures de prévention par poste ou par type d’intervention.

Des enquêtes de terrain, l’observation de tournées ou des échanges avec les équipes permettent d’avoir une vision réaliste des conditions d’intervention.

B. Mettre en place des indicateurs de suivi

Des indicateurs utiles à suivre :

• nombre d’incidents liés aux arrêts ou au stationnement,
• fréquence des douleurs ou TMS déclarés par les itinérants,
• taux d’équipement en véhicules conformes,
• retours d’expérience sur l’organisation des tournées.

Ces données permettent d’ajuster les outils, la formation et les processus au fil du temps.

C. Renforcer le dialogue avec les itinérants

Les professionnels de terrain sont les meilleurs capteurs de risques. Il est utile de :

• organiser des groupes de travail entre QHSE et personnel itinérant,
• recueillir leurs idées d’amélioration (matériel, planning, communication client…),
• valoriser les bonnes pratiques et les signalements pertinents.

La prévention devient alors partagée, crédible et adaptée à la réalité.

Conclusion

Les arrêts fréquents ne sont jamais anodins. Dans leur routine quotidienne, les conducteurs itinérants font face à une multitude de petits risques… qui peuvent avoir de grandes conséquences.

Prendre en compte cette réalité dans la stratégie QHSE, c’est renforcer la sécurité au plus près du terrain.

La vraie question est donc : vos tournées sont-elles seulement bien planifiées… ou vraiment sécurisées ?

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