Malgré leur rôle discret, ces professionnels méritent une attention particulière dans la politique de prévention QHSE. Cet article dresse un panorama des risques spécifiques à la plonge, et propose des solutions concrètes pour renforcer la sécurité et le bien-être de ces agents souvent invisibles, mais indispensables.

I. Identifier les principaux risques en zone de plonge

A. Risques physiques et mécaniques

Le poste de plonge concentre plusieurs sources de danger :

• Sol glissant : projections d’eau, résidus de savon, graisses.
• Coupures : en manipulant des couteaux, des plats cassés ou du verre.
• Brûlures : contact avec de l’eau très chaude, vapeur, bacs chauffants.
• Chutes de plain-pied : bacs mal rangés, obstacles au sol, fatigue.

B. Risques ergonomiques

Les gestes répétitifs et postures contraignantes sont fréquents :

• Flexion prolongée du dos pour accéder à l’évier ou aux machines.
• Mouvements répétitifs de lavage, rinçage, empilage, transport de bacs.
• Port de charges : casiers lourds, marmites, piles d’assiettes humides.

Ces gestes mal maîtrisés peuvent entraîner des troubles musculosquelettiques (TMS), douleurs chroniques et arrêts de travail à répétition.

C. Risques chimiques et biologiques

Les produits utilisés sont souvent :

• décapants, détergents puissants, acides, parfois mal dilués,
• utilisés sans équipements de protection adaptés,
• susceptibles de provoquer des irritations cutanées, oculaires ou respiratoires.

Le risque biologique (contact avec restes alimentaires contaminés, moisissures, déchets) est également présent.

D. Risques psychosociaux

Les plongeurs travaillent souvent :

• en isolement, dans un espace exigu et peu valorisé,
• à des horaires décalés, avec peu de pauses,
• dans une ambiance de pression temporelle constante.

Cela peut générer du stress, une perte de motivation, voire une usure psychologique.

II. Mettre en place une prévention QHSE adaptée et efficace

A. Aménager le poste de travail

L’ergonomie de la zone de plonge est un facteur clé :

• installer des tapis antidérapants et des pentes d’évacuation efficaces,
• ajuster la hauteur des bacs pour éviter les flexions excessives,
• disposer les détergents à portée de main, avec pompes doseuses,
• prévoir des supports de séchage et de stockage stables et accessibles.

L’objectif est de réduire les gestes à risque et de faciliter les mouvements.

B. Former les personnels aux bonnes pratiques

Les plongeurs doivent être :

• formés à l’utilisation correcte des équipements (lave-vaisselle, produits chimiques),
• sensibilisés aux gestes et postures sécurisés,
• accompagnés à l’intégration, avec un tutorat les premières semaines.

Un briefing sécurité rapide peut être fait chaque jour avant le service pour rappeler les points de vigilance.

C. Fournir des EPI adaptés et de qualité

Les équipements de protection doivent inclure :

• tabliers imperméables et résistants à la chaleur,
• gants antichaleur ou anti-coupure, selon les tâches,
• chaussures antidérapantes à embout renforcé,
• lunettes ou visière en cas d’utilisation de produits chimiques en pulvérisation.

Les EPI doivent être :

• disponibles en quantité suffisante,
• remplacés régulièrement,
• adaptés à la morphologie de chacun.

D. Améliorer l’organisation du travail

La prévention passe aussi par :

• une répartition équitable des tâches entre les membres de l’équipe,
• des pauses régulières pour limiter la fatigue physique,
• une communication fluide avec le reste de la brigade, pour anticiper les pics d’activité,
• un réajustement des horaires si la charge est excessive.

L’objectif est de réduire la pression et les postures prolongées sans récupération.

III. Contrôler, suivre et faire évoluer la démarche

A. Évaluer les risques dans le DUERP

Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) doit :

• mentionner les risques spécifiques à la plonge,
• proposer des actions de prévention ciblées,
• être mis à jour régulièrement après observation terrain et remontée d’incidents.

B. Réaliser des audits et visites sécurité

Le responsable QHSE peut organiser :

• des tournées sécurité spécifiques à la plonge,
• des échanges avec les agents sur leurs difficultés,
• des checklists de conformité (EPI portés, produits rangés, sols dégagés…).

Chaque observation permet de corriger rapidement les écarts et de renforcer les bonnes pratiques.

C. Intégrer les personnels de plonge dans la culture sécurité

Les agents de plonge ne doivent pas être exclus du dialogue QHSE. Il est important de :

• les associer aux réunions sécurité ou aux REX,
• leur permettre de remonter les anomalies ou suggestions d’amélioration,
• valoriser leur rôle dans la chaîne globale de maîtrise sanitaire.

L’intégration passe aussi par la reconnaissance de leur savoir-faire.

Conclusion

Les personnels de plonge sont exposés à une combinaison de risques souvent sous-estimés. Pourtant, des mesures simples, concrètes et bien appliquées permettent de réduire considérablement les accidents, les douleurs et le turn-over.

Dans une démarche QHSE globale, la sécurité commence par la base opérationnelle. Et dans une cuisine, cette base se trouve… à la plonge.

La vraie question est donc : vos plongeurs travaillent-ils en sécurité… ou seulement dans l’ombre ?

#QHSE #SécuritéAuTravail #CuisineProfessionnelle #PréventionDesRisques #Plonge #RestaurationSécurisée