SST : pourquoi chaque entreprise devrait former des secouristes du travail

Mais au-delà de l’intervention d’urgence, le SST joue également un rôle actif dans la prévention des risques professionnels.

Alors, pourquoi chaque entreprise, quel que soit son secteur ou sa taille, devrait-elle s’engager dans la formation SST ?

Voici une analyse complète des obligations, bénéfices et bonnes pratiques autour de ce dispositif essentiel.

I. Cadre réglementaire et obligations légales

A. Ce que dit le Code du travail

Le Code du travail impose, via l’article R4224-15, que dans chaque atelier où sont effectués des travaux dangereux et dans chaque chantier employant 20 personnes au moins pendant plus de 15 jours, au moins un salarié doit être formé au secourisme.

L’objectif est clair : permettre une réaction rapide et efficace en cas d’accident, en attendant l’arrivée des secours professionnels.

La réglementation précise également que les salariés formés doivent maintenir leurs compétences à jour, via des recyclages tous les 24 mois.

B. L’évolution vers une généralisation recommandée

Si la loi impose la présence d’un SST dans certaines configurations, les préventeurs, la CARSAT, l’INRS et les référentiels QHSE recommandent d’aller plus loin :

• Étendre la formation SST à l’ensemble du personnel, pas seulement aux postes « à risques »,
• Intégrer le SST dans la politique globale de prévention de l’entreprise,
• Faire du SST un relais de terrain pour l’identification des situations dangereuses.

II. Le double rôle du Sauveteur Secouriste du Travail

A. Un acteur de l’urgence

La première mission du SST est connue : porter secours à une victime en entreprise. Il intervient en attendant les secours, en appliquant des gestes adaptés :

mise en sécurité, évaluation de l’état de la victime, massage cardiaque, position latérale de sécurité, arrêt d’hémorragie, etc.

Il sait également qui alerter, comment sécuriser la zone, et comment utiliser un défibrillateur automatique (DAE).

Dans certains cas, son action peut sauver une vie. Notamment lors de :

• Malaise cardiaque,
• Choc anaphylactique,
• Étouffement,
• Accident de manutention ou de machine,
• Electrocution.

B. Un acteur de la prévention

Ce qui différencie le SST du secouriste « civil », c’est son implication dans la prévention des risques professionnels.

Le SST est formé pour :

• Identifier les situations dangereuses sur son poste ou dans son environnement immédiat,
• Remonter les informations au référent sécurité ou au responsable QHSE,
• Proposer des améliorations, en lien avec l’analyse des risques (DUERP, plans de prévention, etc.).

Il devient donc un relais stratégique pour l’entreprise, à la fois sur le terrain et dans le dialogue sécurité.

III. Les bénéfices pour l’entreprise

A. Réduction de la gravité des accidents

Former un maximum de salariés au SST, c’est réduire drastiquement le temps de réaction en cas d’urgence. Or, dans des situations critiques, chaque minute compte.

En présence d’un SST formé :

• Les bons gestes sont appliqués immédiatement,
• Le bon message est transmis aux secours,
• La victime est prise en charge plus rapidement.

Résultat : des séquelles souvent moindres, une prise en charge facilitée et une reprise du travail accélérée.

B. Amélioration de la culture sécurité

Former des SST, c’est aussi faire passer un message fort en interne : la sécurité est l’affaire de tous.

Cela permet de :

• Créer une vigilance collective,
• Sensibiliser à l’importance des consignes de sécurité,
• Valoriser les collaborateurs investis.

Une entreprise où le personnel est formé SST développe souvent une culture sécurité plus mature, avec moins de comportements à risques.

C. Réduction du coût des accidents du travail

Moins d’accidents graves, c’est :

• Moins d’arrêts prolongés,
• Moins de cotisations AT/MP en hausse,
• Moins de désorganisation des équipes.

La formation SST est donc aussi un investissement rentable.

Selon certaines études, chaque euro investi en prévention peut générer jusqu’à 4 euros de retour sur investissement.

IV. Mettre en place une politique SST efficace

A. Cibler les bons profils

Même si tout salarié peut devenir SST, il est recommandé de former en priorité :

• Les travailleurs isolés,
• Les chefs d’équipe ou encadrants de proximité,
• Les membres du CSE,
• Les agents de maintenance,
• Les travailleurs exposés aux risques physiques (chute, coupure, machines…).

Mais attention : ne pas se limiter aux postes dits « dangereux ». Une personne peut faire un malaise dans un bureau ou un atelier calme.

B. S’appuyer sur des organismes habilités

La formation SST doit être dispensée par un organisme certifié par l’INRS. Elle dure 14 heures, alternant théorie et mise en situation.

Le recyclage obligatoire tous les 2 ans dure généralement 7 heures.

À l’issue de la formation, une carte SST est remise au salarié. Elle est valable sur tout le territoire français, dans toutes les entreprises.

C. Intégrer le SST dans le système de management QHSE

Le SST ne doit pas être vu comme un simple "formé aux gestes qui sauvent".

Il peut participer activement à :

• l’analyse des causes d’un accident,
• la mise à jour du DUERP,
• l’animation de causeries sécurité,
• la rédaction de fiches de remontées d’informations.

De nombreuses entreprises choisissent même de faire des SST des "sentinelles sécurité", intégrées aux audits internes.

V. Témoignages et retours d’expérience

A. Témoignage d’un manager logistique

« On a formé 80 % de nos caristes au SST. Résultat : on a vu les comportements changer. Plus de rigueur, plus de vigilance. Et lors d’un accident avec entorse, l’intervention du SST a évité un allongement inutile de l’arrêt. »

B. Retour d’une PME industrielle

« Notre SST a signalé une étagère instable dans l’atelier. Elle menaçait de tomber. Elle a été fixée dans la journée. Sans lui, on aurait pu avoir un accident grave. »

C. Exemple d’action réussie

En 2023, dans une entreprise de BTP, un salarié fait un arrêt cardiaque sur le chantier.

Un collègue formé SST applique le massage cardiaque et utilise le DAE. Le salarié est sauvé.

L’entreprise décide de former 100 % de ses équipes.

Conclusion

Former au SST n’est pas une option, c’est une nécessité humaine, réglementaire et stratégique.

Au-delà des obligations, cela traduit un véritable engagement de l’entreprise pour la sécurité et la prévention.

Former un secouriste, c’est former un relais, un observateur, un acteur du changement.

Alors posons-nous la bonne question :

 Et si demain, un de vos collègues faisait un malaise… seriez-vous prêt à intervenir ?

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