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14/05/2025

Travaux sur voie : comment garantir la sécurité malgré la circulation ?

Les travaux réalisés en bord de route, sur chaussée ouverte ou à proximité immédiate d’une voie de circulation, exposent les travailleurs à des risques majeurs. Chaque année, de nombreux accidents graves, voire mortels, surviennent dans ces zones pourtant encadrées. Qu’il s’agisse de maintenance de voirie, de pose de réseaux, de balisage temporaire ou de travaux ferroviaires, la cohabitation entre flux de véhicules et interventions humaines impose une vigilance extrême et une organisation sans faille.

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Face à cette réalité, la démarche QHSE devient un levier essentiel pour prévenir les accidents, sécuriser les agents et fluidifier les opérations.

Comment garantir un environnement de travail sûr dans un contexte de circulation active ? Quelles mesures mettre en place pour allier efficacité opérationnelle et intégrité physique ? Voici les éléments de réponse.


I. Identifier les risques spécifiques aux chantiers sous circulation


A. Les risques liés à l’environnement routier


La présence de véhicules en mouvement génère :

  • des risques de collision (engins, piétons, balisage),
  • des effets de souffle pour les poids lourds,
  • une pollution sonore et atmosphérique élevée,
  • des difficultés de visibilité, notamment en conditions météo dégradées.

Ces facteurs sont aggravés par la vitesse des automobilistes, souvent peu conscients des dangers d’un chantier actif.


B. Les risques humains


Pour les travailleurs exposés, on observe :

  • un stress important lié à la proximité du danger,
  • une baisse de la concentration, surtout en fin de journée,
  • des postures contraignantes en espace réduit (fossé, accotement, voie active),
  • des gestes précipités sous la pression du temps ou du trafic.


C. Les risques organisationnels


L’accident peut aussi survenir en raison :

  • d’un balisage inadapté ou mal positionné,
  • d’un manque de coordination entre les intervenants,
  • d’une signalisation non respectée par les usagers,
  • de changements de plan de circulation non anticipés.


II. Mettre en place une stratégie de prévention QHSE robuste


A. Préparer le chantier en amont


Avant même de démarrer les travaux :

  • réaliser une analyse de risque détaillée de la zone,
  • identifier les flux de circulation, les heures de pointe, les accès riverains,
  • prévoir les détournements ou réductions de voie en lien avec les autorités compétentes.

Le Plan de Prévention ou PPSPS doit intégrer ces éléments et être diffusé à tous les intervenants.


B. Définir un balisage conforme et évolutif


Le balisage est la première barrière de sécurité. Il doit être :

  • visible de jour comme de nuit (panneaux rétro-réfléchissants, feux, cônes, bandes LED…),
  • adapté à la nature du chantier (fixe ou mobile, durée courte ou longue),
  • positionné en fonction de la vitesse autorisée et de la configuration des lieux.

Les normes en vigueur (ex. : instruction interministérielle sur la signalisation temporaire) doivent être strictement appliquées.


C. Former les agents aux risques routiers


Tout intervenant en zone circulée doit recevoir une formation spécifique :

  • gestes et postures en bord de route,
  • utilisation des EPI haute visibilité (classe 2 ou 3),
  • connaissance des consignes de repli en cas de danger imminent,
  • gestion des comportements à risque des automobilistes.

Les chefs d’équipe doivent également être formés à la lecture du plan de balisage, au pilotage de chantier sécurisé et à la gestion de crise.


III. Sécuriser le chantier en cours de réalisation


A. Limiter l’exposition au danger


Il est essentiel de :

  • réduire le temps de présence en bordure de voie,
  • privilégier les travaux de nuit ou en horaires décalés lorsque cela est possible,
  • utiliser des engins à télécommande ou à distance pour éviter l’exposition directe.

Les zones à haut risque doivent être physiquement séparées de la circulation par des dispositifs adaptés (glissières, murs modulaires, barrières mobiles…).


B. Adapter le dispositif au fil du chantier


Le balisage doit évoluer avec le chantier :

  • repositionnement des panneaux selon les phases d’avancement,
  • signalisation temporaire mise à jour régulièrement,
  • surveillance des installations (déplacement dû au vent, à un choc, ou au vandalisme).

Il est recommandé d’avoir un référent balisage, responsable de ces ajustements sur site.


C. Communiquer avec les usagers


Une signalisation anticipée (fléchage, panneaux lumineux, message variable) permet aux usagers :

  • d’adapter leur conduite avant d’arriver à proximité du chantier,
  • de changer d’itinéraire si nécessaire,
  • de respecter les limitations de vitesse ou déviations.

Les campagnes de sensibilisation locales (radio, panneaux à message, réseaux sociaux) peuvent renforcer l’impact de cette signalisation.


IV. Suivre, corriger et capitaliser les retours d’expérience


A. Réaliser des contrôles réguliers


Des visites sécurité doivent être organisées :

  • par le responsable QHSE,
  • en présence du chef de chantier ou de l’encadrement,
  • avec vérification de la conformité du balisage, du comportement des intervenants, et du respect des consignes.

Des fiches de contrôle ou audits terrain peuvent être mis en place pour tracer ces inspections.


B. Gérer les incidents et écarts


Tout incident (même mineur) doit être :

  • enregistré et analysé (arbre des causes, méthode des 5 pourquoi…),
  • suivi d’un plan d’action correctif (ajustement du balisage, renforcement de la vigilance, modification des horaires…),
  • communiqué aux équipes pour sensibiliser sans stigmatiser.

L’objectif est de réduire la répétitivité des écarts, pas de désigner un responsable.


C. Intégrer les enseignements au DUERP et procédures


Chaque retour d’expérience doit alimenter :

  • la mise à jour du Document Unique,
  • l’amélioration des procédures internes (planning de chantier, balisage type, équipement recommandé…),
  • la base de connaissance QHSE de l’entreprise.

Ce travail d’analyse continue permet de professionnaliser la prévention sur ce type de chantier critique.


Conclusion


Intervenir sur voie ouverte ou à proximité de la circulation est une situation à haut risque. La sécurité ne peut y être garantie que par une démarche proactive, structurée et partagée entre les équipes opérationnelles, les encadrants et les acteurs QHSE.

Le balisage n’est qu’une partie du dispositif : formation, vigilance collective, adaptation en temps réel et retours d’expérience sont indispensables pour protéger les agents et maintenir la fluidité des interventions.


La vraie question est donc : vos chantiers sont-ils simplement signalés… ou réellement sécurisés ?


#QHSE #TravauxPublics #SécuritéChantier #SignalisationTemporaire #PréventionDesRisques

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